La cinquantaine, le sourire franc et les yeux pétillants. Premier contact avec Henri Blandinières, aux côtés de Laurence Parcabe, sa Conseillère emploi à l’agence carmausine du Tarn. L’occasion d’échanger pour mieux comprendre le parcours d’un demandeur d’emploi suite à une peine judiciaire. Car ce cas de figure complexifie grandement les démarches : difficulté à retrouver un emploi, fermeture de certains secteurs (fonction publique, sécurité...). Et pourtant, l’emploi est un levier central dans la réinsertion sociale.
La descente
Henri Blandinières a purgé une peine de huit mois de prison, dont quatre fermes passés à domicile avec un bracelet électronique. Motif : excès de vitesse sous l’emprise de l’alcool. Un tournant dramatique pour cet homme qui a travaillé jusque-là dans l’agroalimentaire comme mouleur, puis dans la sécurité privée. Conséquences : il perd son emploi, sa voiture est confisquée et son permis annulé, il est suivi pendant 24 mois par le Service pénitentiaire d'insertion et de probation, avec obligations de soins. « Cela a été très dur, et c’est normal vu mon comportement. Des portes se sont fermées, professionnelles comme personnelles, et j’ai dû repartir de zéro », confirme Henri.Sans voiture, pas d’emploi
Privé de sa voiture et interdit de conduite d’un véhicule professionnel, il ne retrouve pas d’emploi dans l’albigeois durant un an. « Ce ne sont pas les efforts qui manquaient, note Laurence Parcabe, mais sans voiture, c’est difficile de trouver un travail dans ce territoire. Nous avons retravaillé son CV, préparé ses entretiens, mais ce frein a recalé sa candidature auprès de nombreux employeurs ».« Ne pas pouvoir conduire m’a bloqué net pour de nombreuses offres d’emploi. »
La remontée
« Une fois le coup accusé, on ne peut que remonter la pente », explique Henri. Ses compétences, il les connaît, mais il doit accepter de repartir de zéro ; d’être patient et persévérant. Il repasse son permis grâce à son Compte personnel de formation (CPF). Même s’il doit encore conduire avec contrôle d’alcoolémie dans son véhicule, il peut de nouveau se déplacer en voiture. Une fois par mois, il fait le point avec Laurence Parcabe et ça le motive : « Ce suivi de ma Conseillère emploi a été décisif pour garder le cap, regagner en confiance, maîtriser de nouveaux outils, postuler aux offres. Je suis également accompagné par une psychologue du travail d’Osengo. ». Résultat, il retrouve en février 2024 un CDD à temps partiel dans une entreprise d’entretien et de nettoyage. Pas un emploi durable, mais une victoire après un an d’inactivité post-peine !
France Travail mobilisé
Pour Laurence Parcabe, l’objectif ici est d’avoir un accompagnement adapté à un profil comme le sien. Savoir proposer les offres qui pourront lui convenir (par exemple auprès des structures d’insertion par l’activité économique), et écarter les secteurs qui interdisent l’embauche des personnes condamnées à une peine. Également, savoir pousser les outils adéquats. « Je lui ai proposé notre outil pour valoriser son image professionnelle : quelques jours de prestation pour mettre en avant ses atouts efficacement auprès des employeurs. Cela donne un gros coup de boost à la confiance en soi ». In fine, c’est autant l’écoute que les conseils et le suivi régulier qui ont permis à Henri – en plus de sa forte motivation – de rester dynamique dans sa recherche.
« Après une peine, il faut savoir être patient pour retrouver un travail. »
Cadre global positif
Alors que nous l’interrogeons sur les autres aspects qui l’ont aidé à remonter la pente, Henri n’hésite pas une seconde. Pour lui, c’est une période qui demande un cadre global positif. Les défis sont suffisamment nombreux pour en rajouter. Ainsi trouve-t-il le réconfort auprès de ses animaux de compagnie – deux chats –, et le soutien auprès de ses deux filles et de ses amis. « Il ne faut pas rester isolé, précise-t-il, mais il faut voir les personnes bienveillantes. » Un cadre d’autant plus bienvenu qu’il a un moment été en situation de précarité, touchant l’allocation spécifique solidarité (ASS).
L’avenir
Maintenant en CDD dans une entreprise de nettoyage albigeoise, Henri vise le CDI, idéalement dans un secteur qu’il connaît et qui accepte son casier judiciaire. Pourquoi pas de nouveau l’agroalimentaire, ou poursuivre dans le nettoyage. Mais pour lui, le plus dur est fait : retrouver un emploi après une peine.
CE QUI MARCHE : L’INSERTION PAR L’ACTIVITÉ ÉCONOMIQUE
« C’est un dispositif qui fonctionne bien pour réinsérer les personnes en retour de peines », affirme Laurence Parcabe. En effet, l’Insertion par l’activité économique (IAE) accompagne les personnes qui n’arrivent pas ou plus à accéder au marché de l’emploi en raison de difficultés liées à l’âge, l’état de santé, la précarité, les ressources, le niveau de formation… Partout en France, ce sont plus de 4 500 structures en 2024 qui s’inscrivent dans ce dispositif.
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