« Le salariat n’était pas fait pour moi, j’aspirais à devenir mon propre patron »

Emmanuelle Delie, 38 ans, travaille dans la restauration depuis plus de vingt ans. En 2022, elle décide de devenir entrepreneure et ouvre son restaurant à La Chapelle-Saint-Mesmin, dans le Centre-Val de Loire. De la concrétisation de son rêve aux nombreux défis relevés, elle nous dit tout.

Emmanuelle Delie dans son restaurant.

Quel est votre parcours ?

E.D. : À l’origine, je ne me destinais pas à travailler dans la restauration. Pourtant… je suis tombée dedans à l’âge de 15 ans ! J’ai fait un essai dans un petit restaurant du Maine-et-Loire, « Le Rond de serviette ». Cette expérience m’a transformée : moi qui étais de nature timide, je me suis ouverte aux autres et j’ai trouvé dans la restauration une deuxième famille. Depuis, je n’ai plus quitté ce secteur qui me passionne !
J’ai occupé plusieurs postes dont une grande majorité dans le service en salle, jusqu’à devenir restauratrice à mon tour, il y a bientôt trois ans. J’ai d’ailleurs appelé mon établissement « Le Rond de serviette » en hommage à ma première expérience.

Comment avez-vous vécu cette expérience ?

E.D. : Au début, j’étais très confiante car j’évoluais dans le milieu de la restauration depuis des années et que je connaissais beaucoup de monde. Cependant, j’ai vite compris qu’être chef d’entreprise est loin d’être facile, et j’ai été confrontée à pas mal de défis. J’ai, par exemple, eu des difficultés à obtenir des prêts auprès des banques. Et ma relation avec l’un de mes associés n’a pas toujours été simple.
En outre, j’ai rapidement ouvert le restaurant, accompagnée d’un très jeune chef cuisinier et d’une serveuse avec qui je n’avais pas eu le temps de faire d’essai. J’ai repris les mêmes fournisseurs sans trop me poser de questions. Et j’ai choisi d’autofinancer mon restaurant deux mois après l’ouverture, car j’ai été mal conseillée d’un point de vue comptable et financier. Toutes ces erreurs ont été formatrices, mais aussi source de stress et de fatigue. Heureusement, aujourd’hui je sors la tête de l’eau : mon restaurant est complet tous les jours et j’ai réussi à fidéliser les clients.


« Avec une bonne dose de passion, de détermination et de courage, on peut y arriver ! »

Quelles leçons en tirez-vous, d’un point de vue humain et professionnel ?

E.D. : Je pense que l’on ne s’improvise pas chef d’entreprise, et encore moins manager. Pour ma part, je me suis sentie démunie face au pilotage des équipes. Ce n’est pas évident de gérer l’humain, les émotions, les attentes de chacun, tout en s’investissant pour faire fonctionner une structure. La formation au management devrait faire partie des prérequis de l’ouverture d’un restaurant. Notamment pour apprendre à adopter une « posture » de dirigeant.
En termes de compétences, j’ai appris à négocier, à nouer des relations commerciales qui perdurent dans le temps. Je maîtrise aussi les bases de la cuisine, en me formant sur le terrain avec mon chef cuisinier. En effet, si le service en salle est mon univers, en tant que restauratrice je dois maîtriser l’ensemble des postes.

À quoi ressemble votre quotidien ?

E.D. : Mon restaurant est ouvert le midi, du lundi au samedi et les vendredis soir. Nous faisons en moyenne 50 couverts par jour, et j’accueille de temps en temps des événements privés. Et même si je travaille en équipe avec mon associé, un chef à temps plein et deux serveuses à mi-temps, je suis un peu partout à la fois : en salle, au bar, en cuisine, à la plonge, à la caisse, avec les fournisseurs… Mon quotidien est bien rempli !

Quels conseils donneriez-vous à ceux qui souhaitent se lancer ?

E.D. : Je leur conseille de prendre le temps de réfléchir. Ouvrir son restaurant requiert de nombreux investissements financiers, matériels et en temps. C’est important d’en prendre conscience. Il faut par ailleurs bâtir un projet qui tienne la route pour se faire une place, car la restauration est un secteur très concurrentiel.
Je leur conseille également de ne pas se lancer seuls et d’être bien entourés. Enfin, la restauration est faite pour les passionnés : avec une bonne dose de passion, de détermination et de courage, on peut y arriver !

Pour en savoir plus :

Création d’entreprise, reprise, franchise : 26 minutes pour tout comprendre.

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