Le luxe ne connaît pas la crise. Dynamique, innovant, à l’écoute des tendances, le marché devrait connaître cette année une croissance de 2 à 4 % et atteindre au moins 305 milliards d’euros au niveau mondial (47 milliards d’euros en France) grâce à une forte demande en Europe et aux Etats-Unis et une importante consommation en Chine, observe une étude McKinsey. La France, berceau de savoir-faire d’exception, s’illustre mondialement dans de nombreuses catégories telles que la parfumerie, la joaillerie, la mode et la cosmétique.
De grandes marques tricolores, distribuées dans le monde entier, contribuent aujourd’hui à cette aura. Le secteur français regroupe un million d’emplois directs et indirects répartis dans douze filières. Ainsi, en France, une entreprise industrielle sur treize travaille dans le domaine du luxe. Et c’est sans compter le volet numérique, qui comptabilise en 2021, 4 milliards d’euros de chiffre d’affaires en e-commerce, rien que dans le domaine de l’habillement, selon les données de l’Institut français de la mode (IFM).
Le défi de l’emploi « made in France »
La filière est organisée autour d’un Comité stratégique de Filière des industries de la mode et du luxe qui rassemble les professionnels du secteur, les pouvoirs publics et les organisations syndicales représentant les salariés de la filière. En 2023, le contrat stratégique de la filière Mode et Luxe a été réactualisé avec la signature d’un nouveau contrat pour la période 2023-2027. Le CSF Mode et Luxe a notamment validé ses priorités autour de ces grands thèmes : formation emploi/compétences, capacité industrielle de production, sous-traitance, développement durable, traçabilité, éthique, écosystème entreprenariat, marques émergentes.
De la conception à la finition des pièces, portés par les géants du luxe (Chanel, Hermès, Kering, LVMH…) et le savoir-faire de leurs partenaires industriels, les produits « made in France » rayonnent.. Ainsi, pour continuer à produire massivement tout en gardant une facture authentique, les griffes de luxe les plus convoitées et leurs services s’attachent à cultiver leur image et leur production nationale en maintenant et en développant l’emploi sur le territoire.
Plus 20 000 postes manuels à pourvoir dans les ateliers
Le luxe ne se résume pas aux grands couturiers et aux défilés sous les projecteurs ! S’ils sont essentiels pour promouvoir un art de vivre à la française sur la scène mondiale, les « catwalks » (podiums) cachent en effet une multitude de PME spécialisées, de métiers et de « petites mains », qui contribuent en coulisses à donner au luxe français sa signature unique. Et qui mieux que le Comité Colbert, fondé il y a 70 ans par Jean-Jacques Guerlain, pour en porter les couleurs, transmettre les valeurs, décrypter les tendances et les enjeux.
Fédérant 93 maisons de luxe françaises, 18 institutions culturelles et 6 maisons de luxe européennes, le collectif chiffre aujourd’hui à 20 000 le nombre de postes manuels à pourvoir dans les ateliers. Parmi ses missions : doper l’attractivité de la mosaïque de métiers qui composent la toile du luxe hexagonal, et éclairer sur les milliers d’emplois à pourvoir. Pour le Comité Colbert, les besoins se concentrent dans les 12 filières métiers :
- Artisanat du cristal et du verre : avec également la fabrication de verres techniques pour les industries pharmaceutiques, automobiles et des formations très pointues où se mêlent pratiques traditionnelles et techniques high tech ;
- Cuir & maroquinerie : la France est le deuxième producteur européen après l’Italie et connaît une vraie pénurie de main d’œuvre ;
- Haute couture & mode : la filière mise dorénavant sur le développement durable et offre des opportunités pour une nouvelle génération de talents ;
- Haute joaillerie & horlogerie : conception 3D, sertissage…, la filière recrute à tous niveaux de formation mais reste particulièrement à la recherche d’artisans spécialisés ;
- Orfèvrerie : le secteur garantit un emploi à la fin de la formation ;
- Hôtellerie et palaces ;
- Parfum et cosmétique (parfumerie de luxe, soin, maquillage…) ;
- Vin et spiritueux : le secteur se féminise, recrute à tous niveaux de formation en privilégiant les spécialisations autour de l’agroécologie, de l’automatisation du matériel agricole, de sa digitalisation… ;
- Design et décoration ;
- Édition : le secteur recrute dans deux domaines : la conception des ouvrages et leur fabrication ;
- Faïence et porcelaine : avec de multiples débouchés dans l’industrie, grande utilisatrice de la céramique pour les secteurs de l’habitat, de l’automobile, de la recherche ou de l’aéronautique ;
- Gastronomie.
Des filières en besoin, des métiers porteurs de sens
Si les métiers créatifs (styliste, directeur de collection, modéliste...) des grandes maisons font rêver, les métiers au cœur du secteur et pourvoyeurs d’emplois sont les métiers plus spécialisés dans les accessoires ou la maille, par exemple. De nombreux besoins sont également recensés dans la bijouterie, la maroquinerie, l'artisanat d'art et la broderie.
En production et fabrication, l’industrie textile et l'habillement recrutent des professionnels qualifiés (coupeur, patronnier, mécanicien modèle…) dans toute la France. Même s'il connaît périodiquement quelques difficultés, le secteur a également besoin de responsables de production capables de guider la réalisation des patrons et des prototypes, de superviser la fabrication des modèles (en France ou à l’étranger) et d’améliorer les process afin de réduire les coûts. Le design textile gagne du terrain, ainsi que la fonction recherche-développement qui permet à des ingénieurs textiles d’inventer des tissus innovants (anti-transpirants, écologiques...) et de nouveaux procédés de fabrication (production numérique, tissus 3D).
Le secteur emploie des commerciaux, de l’acheteur au chef de produit, en passant par le directeur commercial, le manager d'équipe de vente et le responsable de magasin. Les fonctions vente et marketing, stratégiques, occupent une place de choix dans les entreprises, avec l'émergence de nouvelles fonctions comme le collection merchandiser. Ce dernier définit, aux côtés des développeurs et du studio, un assortiment de collections. Le web marketing et le développement des plateformes digitales offrent des opportunités dans ce secteur.
Selon Bénédicte Epinay, déléguée générale du Comité Colbert, « on assiste aujourd’hui à une forme de momentum où de plus en plus de personnes veulent se réaliser autrement, en particulier par le « faire », un acte nécessitant un long apprentissage (18 mois en moyenne chez Hermès) mais tellement gratifiant lorsque vous parvenez à un produit fini et tangible ».
TOP 10 DES MÉTIERS QUI RECRUTENT DANS LE LUXE EN FRANCE
- Coupeur (Haute Couture & Mode)
- Lapidaire (Joaillerie & Horlogerie)
- Maroquinier (Cuir & Maroquinerie)
- Mécanicien en confection (Design & Décoration, Haute-couture & Mode)
- Modéliste (Haute-Couture & Mode)
- Orfèvre (Orfèvrerie)
- Polisseur (Joaillerie & Horlogerie)
- Tailleur-couturier (Haute Couture & Mode)
- Technicien de maintenance (Cristal, Gastronomie, Haute-couture & Mode, Parfums & Cosmétiques, Vins & Spiritueux)
- Tractoriste (Vins & Spiritueux, Gastronomie).
Intégrer le secteur du luxe, c’est aussi des opportunités pour travailler sur les enjeux environnementaux du secteur. Les défis que le luxe doit relever en la matière sont nombreux. Découvrez les métiers pour y contribuer !
TOP 4 des nouveaux métiers éco-responsables de la filière :
- Chargé de comptabilité environnementale. Afin de garantir la pérennité de l’éco-responsabilité d’une entreprise, ce nouveau métier permet de mesurer les ressources et de prendre en compte les besoins du secteur.
- Responsable de production raisonnée. L’un des enjeux majeurs de la transformation du secteur réside dans la tenue de cet engagement responsable tout au long de la chaîne de valeur).
- Responsable sourcing de matières éco-responsables. L’un nouveau défi existe pour les créateurs comme les responsables de production : trouver des matières dont l’exploitation aura l’impact le plus faible possible, voire un impact nul, sur la biodiversité.
- Chef de projet économie circulaire. Comme dans de nombreux secteurs, le nouveau métier de chef de projet économie circulaire devient essentiel en ce qu’il ou elle induit un changement de paradigme dans une organisation.
« SAVOIR POUR FAIRE » : UNE PLATEFORME POUR TROUVER VOTRE EMPLOI DANS LE LUXE
La campagne « Savoir pour Faire », lancée par le Comité Stratégique de Filière Mode et Luxe en 2019 et renouvelée en 2023, a pour ambition de valoriser les métiers techniques de la filière et de mettre en relation les talents et les entreprises qui cherchent à recruter salariés, alternants ou stagiaires. La filière a lancé la campagne « Une rencontre, un métier », qui s’attache à valoriser les formations et les métiers sur l’ensemble du territoire et à mettre en relation les envies, les candidats avec les nombreuses entreprises qui cherchent à embaucher.
La plateforme valorise les savoir-faire uniques de la filière mode et luxe française, la richesse de ses 80 métiers techniques, de ses 250 formations et de ses emplois : du geste à la conception 3D.
Recherchez un métier et postulez : rendez-vous sur la plateforme
DES IMPLANTATIONS NATIONALES PORTEUSES D’EMPLOIS
Peu impacté par la crise du Covid et poussé par la demande chinoise, le luxe a maintenu ses projets, surtout dans la maroquinerie. A titre d’exemples :
- Hermès, qui fabrique 85% de ses articles sur le territoire, a créé 2 400 nouveaux emplois (entre 2011 et 2016) et 500 en 2020 et continue à recruter pour les années à venir dans les mêmes proportions. La Maison s'ancre en Nouvelle-Aquitaine avec deux nouvelles maroquineries, estimant à 500 la création d’emplois dans la région d'ici à 2026 avec deux manufactures à l’Isle d’Espagnac et à Loupes. La première, en Charente, sera opérationnelle en 2025 et la deuxième, en Gironde, en 2026.
- La maison Louis Vuitton a inauguré début 2022 deux nouveaux ateliers de maroquinerie (Vendôme, Azé). Deux autres ateliers supplémentaires vont ouvrir en France d’ici à la fin 2024 et le groupe recruterait 1 000 personnes supplémentaires d’ici à fin 2024.
- LVMH a inauguré en 2022 le 18e atelier de Louis Vuitton près de la gare TGV de Vendôme qui emploie environ 150 personnes et bientôt 350 grâce au soutien de France Travail, qui mobilise la Méthode de recrutement par simulation (MRS).
- Le groupe de luxe Fleurus, spécialisé dans la fabrication de bracelets pour montre, bijoux et confection d’articles de maroquinerie, vient de lancer le chantier de son futur nouveau bâtiment de 3 000 mètres carrés, près de Vichy, sur son site de Bellerive-sur-Allier.
Source : Portrait sectoriel du Luxe. Pôle emploi – Septembre 2023