Des parcours différents, une même passion pour l’agriculture

« Je rêvais d’être agricultrice depuis toute petite. Je ne me suis jamais vu faire autre chose. » C’est ce que confie Céline Girard, 25 ans, salariée dans une exploitation de vaches laitières et de céréales en Mayenne. Pour y parvenir, cette fille d’agriculteurs « passionnée d’élevage » a logiquement suivi un CAP agricole puis un bac pro conduite et gestion d’une entreprise agricole (CGEA).

A contrario, Ombeline Guilleux, 26 ans, issue d’un milieu non agricole, a emprunté un itinéraire plus sinueux avant de trouver sa voie. Après une expérience en vente puis en boucherie-charcuterie, le Covid a agi comme un déclic. « Je me suis dit que c’était le moment de faire ce que je voulais vraiment, que je n’avais rien à perdre. Je me suis donc inscrite à un brevet professionnel responsable d’entreprise agricole (BPREA) », explique-t-elle. Désormais salariée dans une porcherie en Ille-et-Vilaine, la jeune maman ne regrette pas son choix.
D’autres agricultrices, comme Lou-Anne Jannel, ont entrepris des virages plus radicaux. Cette Ariégeoise de 23 ans est d’abord passée par les bancs de la fac de droit avant de décrocher son BPREA et vivre de sa passion pour les animaux. Miss France Agricole 2024, elle s’épanouit aujourd’hui comme salariée dans un élevage de brebis.
« Toutes les femmes en agriculture ne sont pas issues de ce milieu, confirme Céline Girard. Peu importe notre bagage familial, notre cursus, seules la passion et la détermination comptent. »
L’agriculture : un secteur stimulant et valorisant
Les préjugés, les doutes sur leurs capacités : ces jeunes agricultrices y ont parfois été confrontées. Loin de se décourager, elles ont su balayer ce scepticisme d’un revers de la main et conquérir leur légitimité par leur travail et leur abnégation.
« On considère souvent que l’agriculture est un milieu trop physique pour les femmes. En réalité, avec un peu d’ingéniosité et de bon sens, on trouve toujours des solutions pour se débrouiller seule. C’est même stimulant », affirme Céline Girard. Et leurs innovations profitent aussi aux hommes ! « En adaptant le travail à nos profils, nous optimisons certaines tâches en les rendant moins pénibles pour tout le monde », complète la jeune Mayennaise.
De son côté, Ombeline Guilleux admet qu’il vaut mieux « avoir du caractère » pour faire face à certaines remarques. Pour autant, elle relève « de vraies améliorations en matière d’acceptation des femmes. Seule une minorité se montre encore réticente. ».
Nourrir la population
Au quotidien, c’est au contact de la nature que les jeunes agricultrices trouvent leur bonheur avant tout. Soumises aux aléas de la météo et à l’imprévisibilité de leur cheptel, leurs journées se suivent et ne se ressemblent pas. « La routine n’existe pas en agriculture. Entre les nombreux soins apportés aux animaux, la gestion des cultures, les bricolages divers et variés, nos journées sont rythmées et pleines de surprises », détaille la jeune Bretonne. « Notre métier est polyvalent, intense, exigeant, mais aussi vivant, passionnant et épanouissant. On apprend sans cesse », renchérit Céline Girard.
Toutes deux sont aussi fières de leur mission : nourrir la population. « Nous tenons un rôle essentiel dans la société. Contribuer à produire une alimentation de qualité, c’est une vraie satisfaction », souligne Ombeline Guilleux. « Nous avons la chance d’exercer une profession noble, utile, qui a du sens », ajoute Céline Girard.
Influenceuses sur TikTok
Bien dans leur époque, cette nouvelle génération d’agricultrices connectées partage volontiers son quotidien sur les réseaux sociaux. Leur objectif : dépoussiérer la profession et montrer que les femmes, quelles qu’elles soient, y ont toute leur place.
« Au départ, je postais des vidéos juste pour m’amuser et dévoiler les dessous de mon métier de façon rigolote. Avec le temps, cela m’a permis de rencontrer d’autres agricultrices. J’ai pu constater qu’il y a une vraie solidarité entre nous. Ensemble, nous voulons prouver qu’être une jeune femme moderne et travailler dans le monde agricole n’est pas incompatible », indique Céline Girard. A priori, le message semble avoir de l’écho, puisque ses vidéos pleines de peps sont suivies par près de 44 000 abonnés sur TikTok.
Ombeline Guilleux, 7 000 abonnés sur la plateforme, abonde : « Les réseaux sont devenus un vrai outil pour valoriser les femmes en agriculture. En dévoilant nos journées de travail, mais aussi nos week-ends, nous démontrons que nous pouvons être agricultrices et avoir des vies de jeunes femmes normales. Loin du côté morne, rustique, vieillot souvent véhiculé. Si cela peut rassurer et inciter d’autres filles à s’engager dans cette voie, tant mieux. ».
Bien décidées à faire bouger les lignes, ces jeunes agricultrices droites dans leurs bottes font souffler un vent de fraîcheur et encouragent celles qui hésiteraient à sauter le pas. « Si vous êtes passionnée, ne doutez pas de vos capacités. Osez et ne laissez personne vous dire que ce métier n’est pas fait pour vous », clame Céline Girard. Et Ombeline Guilleux d’ajouter, pleine d’entrain : « Soyez fière de vouloir faire ce métier, n’ayez pas peur et ne vous occupez pas des mauvaises langues. Plus nous serons nombreuses, plus nous ferons avancer les mentalités. »
Alors, prête à prendre la clé des champs à votre tour ?
Quelques chiffres clés
- 527 727 femmes travaillent dans le secteur agricole en France en 20221 (contre 513 917 en 2016), dont 408 114 comme salariées (77,3 %).
- 38,7 % des salariés du monde agricole sont des femmes.