Se former pour changer de vie professionnelle, l’exemple de Camille

L’accompagnement des jeunes demandeurs d’emploi proposé par les conseillers France Travail peut déboucher sur des reconversions professionnelles qui changent leur vie. C’est ce qui s’est passé pour Camille Rivaux, ambulancier depuis l’été dernier. Marie Petit, sa conseillère, l’a aidé à faire de son projet une réalité. Interview croisée.

Camille Rivaux, fraîchement ambulancier, est appelé pour secourir une personne victime d’un malaise dans l’agence de France Travail Terrasse de Saint-Étienne, dans laquelle il a été accompagné quelques mois plus tôt par Marie Petit, conseillère France Travail spécialisée dans l’accompagnement des jeunes. Ce jour-là, tous les deux ont ressenti de la fierté. Marie de l’avoir accompagné pour qu’il puisse aller au bout de son projet de reconversion, Camille de se sentir utile à ceux qui l’ont aidé à se réaliser professionnellement. Retour sur l’histoire de cet accompagnement à travers leurs témoignages.

Pouvez-vous vous présenter et revenir en quelques mots sur votre parcours ?

5france TravailMarie Petit : J’ai commencé par travailler auprès de publics fragiles au début de ma carrière. Il y a quinze ans, j’ai déménagé à Saint-Étienne et j’ai été embauchée par Pôle emploi (France Travail) . Je suis conseillère spécialisée dans l’accompagnement intensif pour les jeunes depuis maintenant onze ans.

Camille Rivaux : J’ai été agent de sécurité pendant cinq ans et j’ai par ailleurs enchaîné plusieurs petits boulots. J’ai eu envie de trouver une voie professionnelle dans laquelle je puisse m’épanouir sur le long terme. Je me suis alors adressé à France Travail et ai été accompagné par Marie Petit, ma conseillère.

Marie, pour quelles raisons avez-vous choisi de vous spécialiser dans l’accompagnement des jeunes demandeurs d’emploi ? Selon vous, quelles sont leurs attentes par rapport au monde du travail ?

M. P. : Être au contact des jeunes, c’est être en face de beaucoup de projets, d’énergie et d’envies. J’aime faire partie de l’action, eux aussi, et l’accompagnement se déroule comme un partenariat entre nous. Je leur demande d’être motivés et de mon côté, je mets tout en œuvre pour leur ouvrir des portes et leur décrocher des opportunités professionnelles.
La génération Z est une génération qui va vite, qui est habituée à l’instantanéité et qui veut du concret. Mon rôle est donc de tout faire pour qu’ils quittent mon bureau avec un rendez-vous pour un entretien d’embauche, des pistes sur une formation, ou une idée de stage en immersion pour découvrir un métier. Les jeunes ont besoin de reconnaissance, de valorisation et la plupart d’entre eux cherche à trouver leur place et à s’y sentir bien et respecté. C’est aussi une génération qui ose et j’ai d’ailleurs accompagné beaucoup de jeunes qui se lancent dans l’entrepreneuriat. 

Camille, êtes-vous d’accord avec ce constat ? Quelles étaient vos attentes par rapport à votre reconversion ?

C. R. : L’une de mes priorités pour choisir ma formation était de pouvoir la faire vite et que son contenu soit concret. Me retrouver derrière un bureau face à un enseignement purement théorique n’a jamais vraiment été mon truc. J’avais envie de plonger directement dans le vif du sujet et Marie Petit l’a bien compris. Je savais que je voulais être ambulancier et elle m’a aidé à trouver une formation courte que je pouvais rapidement intégrer. J’ai eu la sensation que nous collaborions ensemble pour que mon projet devienne réalité.

« Les jeunes ont besoin de reconnaissance, de valorisation et la plupart d’entre eux cherche à trouver leur place et à s’y sentir bien et respecté. »

Quelles étapes rythment l’accompagnement ? Quelles sont les clés pour qu’il soit réussi ?

M. P. : L’accompagnement dure six mois avec des échanges toutes les trois semaines. Nous intervenons à trois niveaux : la recherche d’emploi (préparation d’un CV, relance des employeurs, préparation des entretiens), l’orientation (formation, reconversion) et la création d’entreprise. Je prends le temps de connaître chaque jeune et, en lien avec toute l’équipe et notamment la psychologue du travail, à l’aider à définir son projet professionnel. Certains veulent aller faire de la permaculture ou sont passionnés par les jeux vidéo, d’autres rêvent d’être pompier professionnel. Que ce soit en leur proposant un stage en immersion pour découvrir un métier, une formation ou encore une aide pour qu’ils se lancent à leur compte, je cherche dans tous les cas à traduire leur projet en actions concrètes, tout en prenant en compte les contraintes de la réalité. Pour réussir un accompagnement, il faut s’intéresser à l’autre, chercher à comprendre son parcours et ce qui l’anime. Et en fonction, adapter les solutions que nous lui proposons pour que le jeune trouve un travail qui l’épanouisse sur le long terme.

C. R. : Le stage en immersion a été déterminant pour moi. J’aimais déjà le milieu médical et j’avais eu de bons retours de mon entourage sur le métier d’ambulancier. Mais je ne savais pas par quel bout démarrer ce projet de reconversion. Quand ma conseillère m’a parlé de la possibilité de découvrir le métier sur le terrain, j’ai trouvé ça super. J’ai fait les démarches de mon côté et une entreprise a rapidement accepté de me prendre en stage pour deux semaines, durant lesquelles j’ai suivi une équipe d’ambulanciers. À la fin, j’étais convaincu : ce métier était fait pour moi. Mon accompagnement a été réussi parce que je me suis senti écouté et soutenu.

« Quand ma conseillère m’a parlé de la possibilité de découvrir le métier sur le terrain, j’ai trouvé ça super. »

Comment s’est déroulée votre formation et comment avez-vous trouvé votre poste actuel ? Qu’aimez-vous dans ce métier ?

C. R. : Nous avons trouvé une formation proposée par La Croix-Rouge à Lyon. Marie Petit a compris que j’étais très motivé et elle a défendu mon dossier en commission pour que je puisse bénéficier d’un financement. Ça a marché et au mois de juin, j’ai pu suivre la formation. Le lundi suivant j’ai été embauché dans mon entreprise actuelle, d’abord en CDD et maintenant en CDI ! Ambulancier, c’est un métier d’action : on sait du jour au lendemain à quelle heure on commence, on bouge tout le temps et il y a de vrais moments de montée d’adrénaline. Je m’y sens bien parce que je suis en mouvement et j’ai la sensation d’aider des personnes qui en ont besoin. Au quotidien c’est prenant, parfois difficile mais c’est un beau métier. Je me vois continuer tant que cela me plaît et un jour, peut-être devenir brancardier.

M. P. : Dans le cas de Camille, j’ai tout de suite compris qu’il fallait qu’il soit vite dans le bain pour ne pas lâcher. Il était motivé et c’est vrai que le stage en immersion a bien fonctionné. Cela permet aux jeunes de confronter ce qu’ils imaginent d’un métier à sa réalité et de voir si ça peut vraiment leur correspondre avant de se lancer. Et les employeurs peuvent aussi découvrir les jeunes en action et décider de les embaucher par la suite.

Houda, ambulancière, présente son métier

Se former pour changer de vie professionnelle, l’exemple de Camille

Avez-vous d’autres exemples d’accompagnement de jeunes qui vous ont particulièrement marquée ? Quels sentiments en retirez-vous ?

M. P. : J’ai en tête un jeune plombier qui a pu devenir chocolatier grâce au dispositif d’AFPR (Action de formation préalable à l'embauche), un autre qui a ouvert son salon de tatouages et piercings ou encore d’un jeune en situation de grande précarité qui vient de trouver un travail et a pu s’acheter les tenues nécessaires, grâce à une allocation que nous avons mobilisée en urgence. J’accompagne en moyenne 160 jeunes par an et savoir qu’un coup de fil, qu’un rendez-vous pour un entretien ou qu’une formation peuvent changer le cours de leur vie professionnelle est ma plus grande motivation. J’ai souvent des nouvelles de jeunes qui ont réussi à trouver leur voie, qui se sentent sereins et, à chaque fois, je suis fière de les y avoir aidés. Je pense qu’ils ont besoin qu’à un moment de leur parcours quelqu’un croit en eux.

Camille, quels conseils donneriez-vous à une personne en recherche d’emploi pour garder confiance et réaliser ses projets professionnels ?

C. R. : Il faut oser, dépasser la peur d’échouer, se lancer. Qui ne tente rien n’a rien, et c’est sûr que si vous n’essayez pas, vous n’y arriverez pas. Alors gardez espoir et surtout dites-vous que vous en êtes capable.

Pouvez-vous nous raconter le cadre dans lequel vous êtes intervenu en tant qu’ambulancier au sein de l’agence ?

C. R. : Un jour, on est appelé pour une intervention en lien avec le SAMU et je me retrouve dans l’agence de France Travail pour prendre en charge une personne qui a fait un malaise. Marie Petit n’était pas là mais un de ses collègues l’a appelée et j’étais content et fier de pouvoir lui dire : « Vous voyez, vous m’avez aidé et maintenant c’est moi qui vous aide ».

M. P. : Au bout du fil, Camille me dit : « Je suis à l’agence, nous avons été appelés pour un malaise et c’est mon ambulance qui a été envoyée ». J’ai senti qu’il était très fier d’être là, d’avoir été au bout de son projet et de nous aider à son tour. Moi aussi j’étais fière, pour lui. Et heureusement, rien de grave pour notre collègue.

Ambulancier, un métier d’action au service des autres

Vous aussi, vous avez toujours rêvé d’être ambulancier ? Sa mission principale consiste à conduire, à l’aide d’un véhicule de transport sanitaire, des personnes nécessitant des soins ou une assistance médicale d’urgence. Si la conduite est une dimension prédominante de cette profession, le métier d’ambulancier ne se résume pas au transport et, en tant que professionnel du secteur, vous serez également amené à :
- garantir la bonne installation de la personne transportée au sein du véhicule et à aménager l’environnement en fonction de l’état de santé du passager ;
- nettoyer et entretenir votre véhicule et l’ensemble des équipements qu’il contient (civière, défibrillateur, etc.), et vous assurer que ceux-ci fonctionnent correctement ;
- fournir, pour chaque passager, un rapport complet sur l’état de santé de la personne, à l’établissement de santé qui le prend en charge.

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