L'entreprise est une structure essentielle dans la vie professionnelle. Elle offre un lieu, un outil de production, un réseau performant, un statut social, et c'est souvent le meilleur moyen de sociabilisation. Mais comment continuer à bénéficier de tous ces avantages, quand on exerce en solo ou quand on lance sa start up ? Une solution peut être le coworking. Cette nouvelle organisation du travail, qui a émergé en 2007 à San Francisco, est en pleine expansion. On dénombre 13 800 espaces de coworking dans le monde en 2017, selon une étude réalisée par Deskmag. Le premier espace de coworking créé à Paris était La Cantine, dédié aux projets numériques et financé par la région Ile-de-France.
Une nouvelle organisation du travail
Le concept de coworking repose sur deux notions :
- un espace de travail partagé
- un réseau de professionnels dont les compétences sont propices à l’échange.
L’idée d’origine était de fournir aux indépendants un espace de socialisation où retrouver, non seulement le confort du travail à domicile, mais également la richesse sociale du travail en entreprise. Aujourd’hui, un certain nombre d’entreprises favorisent cette forme de travail pour des raisons d’économie et de flexibilité évidentes mais aussi pour dynamiser la créativité de leurs employés. En effet, les espaces de coworking favorisent la prise de contact et les rencontres enrichissantes. De plus, le climat de brainstorming semble très favorable à l’émergence de nouvelles idées. C’est en tout cas ce que la plupart des coworkers affirment, rajoutant même que le travail en coworking aurait considérablement amélioré leur productivité, leur apprentissage de la collaboration et le respect qu’ils ont des idées et de la manière de travailler d’autrui.
Une nouvelle catégorie d’immobilier d’entreprise
Le coworking est un nouveau mode de travail qui permet la location d’un bureau, à la journée ou au mois, dans des espaces de travail partagés et ouverts à tous. Cela peut être organisé de manière informelle par un simple partage de bureau, et c’est sans doute à cela que devait ressembler les débuts du concept. Cependant, aujourd’hui, de plus en plus de bailleurs professionnels proposent une mutualisation des surfaces pour permettre à des créateurs d’entreprises et des indépendants de disposer d’un espace professionnel. Les coworkers sont généralement des chefs d’entreprise de tout type disposant de budget limités ou simplement d’indépendants lassés de la solitude du travail à domicile.
Les espaces de coworking les plus aboutis proposent des environnements partagés sur une base journalière ou mensuelle. D’autres, autogérés, s’organisent entre occupants, le plus souvent sur un temps plus long. Le mode de vie communautaire est au centre du concept de coworking qui multiplie les avantages. En effet, plus chaleureux qu’un centre d’affaires classique et plus souple qu’un bail professionnel ou qu’une pépinière d’entreprise, le concept semble aussi, selon ses adeptes, plus motivants.
Une solution anti-crise
A côté des nomades et des indépendants, émerge une nouvelle génération d'entrepreneurs, les oubliés des pépinières car n'appartenant pas aux secteurs du numérique, de la biotech ou de l'environnement... Ceux-là étaient condamnés à supporter des charges fixes de bureaux ou à renoncer à leur projet de création d'entreprise. Or, selon une étude réalisée par le cabinet LBMG, l'isolement, le manque d'opportunité et le sentiment d'être coupés des discussions informelles, constituent les craintes principales des travailleurs en s'éloignant de leurs entreprises.
Le coworking devient alors un écosystème qui favorise l'émergence de ces créateurs d'entreprises. Ils vont trouver les opportunités de partenariats, de créativité, l'échange de compétences, les programmes d'accompagnement dont ils ont besoin, et tout cela avec un minimum d'investissement.
Génération Y, mais pas seulement...
Ce phénomène n'est pas une question d'âge, il exprime un nouveau mode de vie, favorisé par les évolutions technologiques où les individus veulent le meilleur de tous les mondes. On est alors prêts à faire éclater les repères du temps et de l'espace connus, et régis jusqu'à maintenant par l'entreprise et son organisation hiérarchique. Les frontières entre le travail, la vie privée, le divertissement, la vie réelle, la vie virtuelle ... sont devenues floues.
Le coworking apporte une réponse évidente à cette évolution des besoins : pas de sanction si on ne vient pas, c'est une relation égalitaire qu'on a avec les autres coworkers, pas d'enjeu comme il en existe entre collègues, et surtout, pas de hiérarchie avec l'entreprise qui devient plutôt cliente. Créer des liens et travailler assis sur un canapé avec l'odeur de café, tout en bénéficiant d'une infrastructure professionnelle, devient alors possible.
La flexibilité et l'autonomie chères aux femmes
Les femmes indépendantes travaillent souvent sur des projets fragmentés et de courte durée, et se lancent moins dans l'entrepreneuriat à cause d'une aversion aux risques élevée. Isolées et privées de l'effet miroir de groupe, elles n'osent pas sauter le pas.
Elles aiment travailler en équipe, mais ont un grand besoin de flexibilité pour continuer à gérer les contingences familiales, et utilisent donc le coworking pour développer leur réseau et trouver des partenariats qui améliorent leur accès à des projets plus conséquents.
La qualité de la communauté, la taille physique de l'espace, plutôt en dessous de 50 postes de travail, et les événements qui y sont organisés, deviennent alors les facteurs déterminants dans le choix de leur espace (selon l'étude de Deskmag). Le pourcentage des femmes atteint péniblement 30% dans la population des coworkers, un effort particulier devra être fait pour mieux les attirer dans ces espaces.
Et les entreprises ?
Le challenge est d'intégrer ce nouveau mode de travail dans les stratégies d'entreprise. Dans un contexte, où la majorité d'entre elles réduisent leur surface immobilière, s'éloignent des centres urbains, et s'installent dans des zones plutôt périphériques, elles devraient considérer ces lieux comme une solution de flexibilité offerte aux employés pour continuer à être proches des clients.
Mais contrairement à ce qui se passe aux Etats Unis où les salariés d'entreprises constituent 35% de la population des coworkers, en France, nous en sommes très loin. Seules 8% des entreprises déclarent avoir besoin de tiers lieux pour leurs salariés à long terme. Ce concept dérange encore les entreprises françaises, qui soulèvent les soucis de confidentialité même si la principale barrière reste la mentalité des managers !
Pour plus d'information
Il existe 3 modèles d'espace de coworking. Pour en savoir plus, consultez le site : coworkinginitiatives.com/