Le handicap invisible englobe les difficultés visuelles, les difficultés auditives, les troubles chroniques liés à des pathologies spécifiques, ainsi que la neurodiversité. En effet, les profils neuroatypiques tels que les hauts potentiels intellectuels (HPI), les personnes « Dys » – qui souffrent de troubles de l’apprentissage comme la dyslexie, la dyspraxie ou encore la dysphasie –, les personnes atteintes de troubles du spectre autistique ou celles ayant un trouble de l’attention avec ou sans hyperactivité (TDAH) ont toutes une forme de handicap invisible.
Si vous êtes vous-même neuroatypique, vous vous sentez peut-être en décalage par rapport aux autres – et ce notamment dans un contexte professionnel –, que ce soit dans la façon de penser, de vivre des émotions ou de vous exprimer. Un sentiment légitime puisque votre cerveau ne fonctionne pas exactement de la même manière que les autres. Et si cette neurodiversité peut sembler être un frein pour votre carrière, c’est aussi une force : votre manière d’être et d’agir est complémentaire des autres profils, et c’est cette diversité qui fait la richesse des entreprises.
Vers une meilleure prise en considération de la neurodiversité en entreprise
Selon l’Association de gestion du fonds pour l’insertion professionnelle des personnes handicapées (Agefiph), moins de 10 % des citoyens, des salariés et des employeurs ont conscience que 80 % des handicaps sont invisibles. Si cette forme de handicap est encore difficile à appréhender dans le monde du travail, les mentalités évoluent tout de même. 63 % des employeurs envisagent de recruter davantage de personnes en situation de handicap et 80 % des collaborateurs estiment que l’insertion de personnes handicapées permet de tester de nouveaux modes de travail au sein de l’entreprise. Une dynamique vertueuse accélérée par la crise sanitaire qui favorise une meilleure prise en considération des handicaps invisibles et des profils neuroatypiques. La pandémie a en effet chamboulé le monde du travail et les aspirations des salariés. De plus en plus de collaborateurs attendent désormais de leurs employeurs qu’ils mettent en place de solides politiques d’inclusion et de diversité, notamment en matière de handicap et de neurodiversité.
À l’instar du cabinet de conseil EY, du groupe Orange ou encore du groupe BPCE, un nombre croissant d’organisations comprend de mieux en mieux le potentiel et la valeur des profils neuroatypiques dans le monde du travail et développe en ce sens des programmes d’inclusion spécifiques. Bien que toutes les organisations ne soient pas encore pleinement acculturées à l’insertion professionnelle de ces profils, le sujet avance dans le bon sens, notamment grâce au travail des DRH qui comprennent les enjeux du monde du travail de demain, où l’inclusion a toute sa place. La diversité devient ainsi un élément structurant de la marque employeur des entreprises, alors si vous êtes neuroatypique et en recherche d’emploi, n’hésitez pas à vous informer sur les politiques d’inclusion menées par les entreprises qui vous intéressent : ces informations sont en général consultables directement depuis leur site Internet. Pensez aussi à vous renseigner sur le type d’environnement de travail proposé – hybride, horaires flexibles, etc. Tous ces éléments vous permettront de trouver l’entreprise qui vous convient le mieux, et de pouvoir conjuguer employabilité et neurodiversité !
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TRAVAILLER AVEC UN TDAH, LE TÉMOIGNAGE DE FLORENCE GRÉGEOIS
En France, les personnes atteintes d’un TDAH représentent 4 % de la population. Leur neuroatypie leur impose de composer avec plusieurs émotions et des caractéristiques neurologiques spécifiques que sont les difficultés de concentration, l’impulsivité, l’émotivité et les troubles de la mémoire. Dans le monde de l’entreprise, cela demande souvent une sur-adaptation mais pour Florence Grégeois, il est aussi possible de développer ses propres méthodes et ressources pour mieux vivre les situations handicapantes qui peuvent survenir et même en tirer profit. Florence Grégeois a passé la majeure partie de sa vie professionnelle en entreprise avant de devenir entrepreneure il y a quatre ans. Elle vous partage son retour d’expérience et ses conseils pour apprivoiser sa neurodiversité dans le monde du travail.
Quel est votre parcours ?
Florence Grégeois : Je suis consultante en growth marketing et professeure de yoga du visage. Si je ne suis pas officiellement reconnue comme personne handicapée, on m’a diagnostiqué un TDAH il y a plusieurs années. Ce diagnostic est arrivé sur le tard – à l’âge de 40 ans – mais il m’a néanmoins permis de mettre des mots sur ma situation et de mieux comprendre tous les blocages et situations handicapantes que j’ai pu traverser durant ma carrière. Cela m’a beaucoup aidée.
Comment le TDAH impacte-il votre travail ?
F. G. : Les personnes atteintes de TDAH sont stimulées en fonction du plaisir généré par ce qu’elles font. À l’inverse, si un sujet ou une tâche ne les intéressent pas, elles seront plus sujettes que d’autres au manque d’attention, aux problèmes de mémoire… Plus l’on trouve du plaisir dans ce que l’on fait, plus on exploite le plein potentiel de notre cerveau, et cela vaut aussi dans le contexte professionnel.
Pour ma part, je dirais qu’il y a un mode « ON » et un mode « OFF ». Lorsque je suis en mode « ON », je vis des phases d’hyper concentration qui me permettent d’être particulièrement efficace et de mener à bien de gros projets. Lorsque je suis en mode « OFF », je m’accorde une pause car je sais que je ne suis plus en mesure d’avancer comme je le souhaite. J’en profite alors pour prendre un peu de temps pour moi ou me former par exemple, en écoutant des podcasts ou en regardant des vidéos. De cette façon, j’apprends de nouvelles choses et je ne culpabilise pas d’être moins efficace sur mon temps de travail.
Quelles sont vos bonnes pratiques pour réussir à composer avec votre neurodiversité ?
F. G. : J’ai adapté l’organisation de mes journées à mon TDAH afin de perturber le moins possible mes phases de concentration : les matinées sont consacrées aux réunions avec mes clients et les après-midis au travail de fond. Je m’aide également d’outils adaptés au TDAH pour retranscrire mes pensées, des prises de note ou mettre en place certains processus. Grâce à cela je ne m’éparpille pas dans tous les sens ! Par ailleurs, je compense mes difficultés de mémoire par des enregistrements et des transcriptions audio de mes réunions, et je prends un maximum de notes. Enfin, j’associe une couleur différente à chaque rendez-vous qui figure dans mon agenda, ce qui me permet de bien distinguer les rendez-vous professionnels des temps de formation et des temps personnels.
Quels sont vos conseils pour mieux gérer ses émotions au travail ?
F. G. : Le TDAH fait ressentir et percevoir les choses de façon amplifiée, c’est pourquoi l’on recommande souvent aux personnes atteintes de ce trouble de faire des exercices de cohérence cardiaque et de méditation pour dompter les fluctuations d’émotions. Je pense qu’en parallèle de cela il est nécessaire d’apprendre à reconnaître ses émotions, à les comprendre et à les accepter. Cela permet à la fois de se canaliser, de se déculpabiliser et de s’accepter tel que l’on est. Il est aussi important d’initier le dialogue avec ses collègues et sa hiérarchie sur ce qu’est le TDAH et ce qu’il peut entraîner en termes d’émotion et de fonctionnement.
Que diriez-vous aux personnes neuroatypiques qui appréhendent de s’insérer dans le monde du travail ?
F. G. : La première chose est de se poser la question de ce que l’on a envie de faire professionnellement parlant. On passe suffisamment de temps au travail pour s’insérer dans une voie qui nous plaît vraiment, c’est d’autant plus important pour les neuroatypiques et les personnes atteintes de TDAH ! De plus, je crois qu’il faut réussir à dépasser le sentiment d’appréhension que l’on peut avoir quand on est neuroatypique, cela ne doit pas être un frein à notre vie professionnelle. Chaque neuroatypique est capable de créer sa dynamique d’apprentissage en entreprise et d’exprimer son potentiel. En prendre conscience permet de booster son estime de soi.
Entrer dans le monde du travail, c’est faire des choix qui nous permettent de gagner en autonomie, en responsabilité et d’avancer, il faut donc se lancer !
Quelques conseils faciles à appliquer pour mieux vivre sa neurodiversité au travail :
- Tenez compte de votre chronotype : organisez vos journées de travail en fonction des plages horaires (matin, après-midi, début de soirée) durant lesquelles vous êtes le plus efficace,
- Abordez le sujet de votre neurodiversité avec votre employeur afin qu’il puisse vous proposer une adaptation de votre rythme de travail,
- Faites des pauses,
- Demandez de l’aide à vos collègues ou à votre manager lorsque vous en ressentez le besoin,
- Apprenez à lâcher prise lorsque vous êtes dans une situation émotionnelle que vous avez du mal à gérer,
- Positionnez-vous dans une dynamique d’apprentissage permanente.