Se penser autrement
Une quinzaine de participants en situation de handicap ont répondu présent à cet atelier animé par l’équipe Handiteam de l’agence, le 15 octobre 2024. Tous sont en recherche d’un emploi. Nadège, une éducatrice spécialisée confirmée qui sort d’une longue maladie, se sent aujourd’hui « obsolète » dans un métier qui a évolué. « J’ai encore douze années d’activité devant moi. Il faut que je me pense autrement, mais c’est difficile en tant que travailleur handicapé », confie-t-elle. Benoît, moniteur d’auto-école, cherche lui aussi une reconversion car il ne peut plus tenir en position assise ou debout très longtemps. Claire, pour sa part, ne peut plus soulever de charges lourdes. Elle voudrait apprendre à mieux maîtriser ses paroles devant un recruteur « pour ne pas le rebuter », comme cela vient de lui arriver.
Entreprises handi-accueillantes
Nadège, Benoît, Claire et onze autres personnes ont été invitées par l’équipe Handiteam de l’agence France Travail d’Orléans Ouest en prévision de l’édition 2024 du Forum emploi et handicap organisée en novembre. Près de quarante entreprises dites handi-accueillantes, c’est-à-dire prêtes à embaucher des personnes en situation de handicap, y seront présentes. L’objectif est de les préparer à la rencontre de futurs employeurs dont une liste provisoire leur est fournie, avec les postes recherchés.
Quatre conseillers, deux de France Travail et deux de Cap emploi, animent la réunion. Leur premier conseil : bien connaître ses capacités physiques avant de cibler un poste, afin de mesurer l’ampleur des tâches à accomplir. Second conseil : surfer sur Internet pour mieux connaître l’entreprise qu’ils ont repérée et ainsi montrer le jour J leur intérêt pour le poste convoité. « Attention, dit une conseillère, les entreprises sont handi-accueillantes, mais elles recherchent avant tout des compétences ! »
Savoir-faire et savoir-être
Comment parler de son handicap à un futur employeur ? La question est abordée sans tabou. Selon l’article L1132-1 du Code du travail sur la non-discrimination, il n’existe aucune obligation légale à parler de son handicap au travail. La santé relève du privé, même si la transparence vis-à-vis d’un employeur est souhaitable. Tout tient dans le choix des mots. « Arriver d’entrée en disant "Je ne peux pas faire ceci pour telle raison" peut qu’inquiéter votre interlocuteur », explique Emmanuel Simon chargé de mission Cap emploi. Les mots « maladie », « dossier médical », « douleur » sont donc à éviter. « Vous avez des capacités à tenir un poste, il faut les mettre en avant. Les restrictions et contre-indications auxquelles vous êtes soumis ne sont qu’une information complémentaire. Il faut les présenter sous un angle positif par souci de transparence, afin d’informer l’entreprise qui pourra - le cas échéant - aménager le poste à votre situation. »
« Le handicap est quelque chose de lourd à porter, et certains ont tendance à s’identifier à lui, complète Chimène Joffre, conseillère Cap emploi. Or les entreprises n’embauchent pas des handicapés, mais des personnes qui ont des compétences, des savoir-faire et des savoir-être. Il faut donc pouvoir parler de son handicap comme de quelque chose qui fait partie de sa vie, mais qui n’a rien à voir avec sa présence au Forum. »
Avant la tenue du Forum, un travail identique de préparation est mené côté entreprises par les équipes Handiteam. L’objectif est de balayer d’éventuels préjugés et craintes sur les demandeurs d’emploi en situation de handicap.