Depuis trois ans, les études se multiplient pour évoquer les impacts qu’auront la robotique et l’intelligence artificielle sur l’emploi. On peut citer celles de Roland Berger, de l’Université d’Oxford, de l’OCDE ou plus récemment du Conseil d’orientation pour l’emploi et du cabinet McKinsey. Les conclusions varient fortement d’un rapport à l’autre.
9 % à 47 % des emplois actuels seraient impactés par la révolution numérique en cours. Une fourchette particulièrement large.
On peut néanmoins tirer de ces études un certain nombre d’enseignements sur le type de compétences qui seront les plus recherchées. Des enseignements qui battent en brèche bien des idées reçues
Les jardiniers, plombiers, aides à domicile…
Les informaticiens et les spécialistes des données, comme les data scientists, ne seront, en effet, pas les seuls à tirer leur épingle du jeu. Les personnes faiblement qualifiées ne sont pas nécessairement les plus menacées. Dans une note de synthèse, l’OCDE indique ainsi que les emplois de services comme l’aide et les soins aux personnes seront « difficiles à automatiser ».
De son côté, McKinsey estime que les professions faisant appel au relationnel, à la créativité ou à un tour de main très spécifique (artisanat) seront moins exposées à l’automatisation. Le cabinet d’études cite, en exemples, les jardiniers, les plombiers, les nourrices, les aides à domicile.
Plusieurs métiers au cours de la vie
Dans l’usine du futur, les robots ne remplaceront pas davantage l’homme. En le déchargeant des tâches difficiles, pénibles ou répétitives, ils lui permettront au contraire de monter en compétences. Les tenants de la robotique, comme le syndicat professionnel Symop, estiment même que la robotisation constitue un rempart à la délocalisation en augmentant la productivité du tissu industriel des pays développés.
L’Allemagne, qui connaît une situation de plein emploi, possède près de deux fois plus de robots industriels que la France selon la dernière étude annuelle de l’International Federation of Robotics.
De même, le développement de l’intelligence artificielle n’aura pas que des conséquences négatives sur les emplois du tertiaire. Tout comme l’introduction du PC dans les années 1980, l’IA se subsistera aux « cols blancs » dans les activités fastidieuses, leur laissant les missions les plus nobles.
On le voit, la révolution numérique pose avant tout la question de l’adaptabilité de l’homme à un contexte de plus en plus mouvant. Il ne s’agira plus d’avoir plusieurs employeurs au cours de sa vie professionnelle, mais plusieurs métiers. Auteur de « La Guerre des intelligences », Laurent Alexandre insiste sur l’importance de l’éducation et de l’apprentissage tout au long de vie pour que l’homme profite de la nouvelle donne.