La gestion des déchets représente 4 % des gaz à effets de serre (collecte, incinération...). Aujourd’hui, un tiers de nos ordures ménagères est composé de déchets que l'on peut composter localement. Appelés biodéchets, ces restes de cuisine, de table ou du jardin peuvent retourner dans le sol sans conséquences négatives pour l’environnement. Cette démarche de gestion locale permet de réduire l'impact environnemental, de redonner vie à nos sols et engager la société dans le nouveau tri de ces déchets. Celui-ci est obligatoire en France depuis le 1er janvier 2024, en vertu de la loi AGEC (loi anti-gaspillage pour une économie circulaire) votée le 10 février 2020.
Pourquoi composter en proximité ?
Le compostage de proximité implique différentes formes de compostage : en pied d’immeuble (résidence), de quartier ou en jardin public, domestique (jardin), ou encore dans les établissements (hôpitaux, établissements scolaires, EPHAD, entreprises, restaurants…) qui offrent de la restauration collective. C’est la solution la plus cohérente économiquement, écologiquement et socialement. Les biodéchets, constitués des restes alimentaires, épluchures de fruits et légumes et de déchets végétaux sont essentiellement composés d’eau, donc il ne semble pas cohérent de les transporter par camion vers des sites d’incinération ou de méthanisation. Une fois transformés en compost, ils peuvent améliorer la qualité de la terre. Enfin, les composts partagés, notamment en pied d’immeuble ou dans des établissements comme des écoles, des EHPAD ou des entreprises, permettent d’intégrer une dynamique sociale et génèrent de la convivialité.
Qui peut animer et gérer le compostage de proximité ?
Les collectivités qui collectent et traitent ces biodéchets peuvent choisir entre gestion de proximité ou collecte pour traitement externe. Deux textes concernent la formation des acteurs. Une circulaire du 13 décembre 2012 donne un cadre technique de supervision des sites par une organisation compétente ou un maître composteur. L’arrêté du 9 avril 2018 donne le cadre et la réglementation à suivre : il est obligatoire qu’il y ait une personne désignée par le responsable du site et qui soit formée aux règles de bonne pratique du compostage de proximité. La formation des acteurs est une obligation réglementaire.
Une partie des maîtres composteurs exerce comme salariés, c’est le cas d’agents en collectivité. D’autres travaillent dans des structures type société coopérative de production (SCOP) ou associations, soit comme salariés, soit comme indépendants.
Comment se former aux métiers du compostage de proximité ?
Il existe trois parcours de formation, en fonction de l’activité visée :
1 - Référent de site
Il s’agit, par exemple, d’un habitant de résidence formé au compostage et à l’animation de site. Il renseigne, informe au quotidien les usagers du site et juge l’état du compost. La plupart sont bénévoles, mais certains peuvent être salariés d’une collectivité, comme dans une cantine scolaire (compostage autonome en établissement, compétence ajoutée dans leur fiche de poste).
> Parcours de formation :
Deux demi-journées (enjeux et techniques du compostage pour la première, spécialisation en fonction du type de site pour la deuxième) également accessibles aux composteurs domestiques. Ce parcours de formation est financé par les grandes métropoles et certains syndicats de traitement des déchets.
2 – Guide composteur
Il accompagne les référents de site et les habitants d’un territoire dans les démarches de montage d’un site de compostage et dans son suivi, sur appel des référents de site. Le guide composteur donne des techniques d’animation, intervient sur des stands d’information mis en place par la commune... Il est salarié, soit en reconversion professionnelle, soit déjà professionnel de la gestion des déchets (animateurs environnement, ambassadeurs du tri, éco ambassadeurs).
> Parcours de formation : Formation à géométrie variable, accessible à partir de deux jours et demi. Toutefois, seul le parcours de cinq jours et demi de formation permet d’obtenir une certification reconnue par France Compétences et de faire financer le parcours par le compte personnel de formation (CPF). Prérequis : savoir parler en public pour expliquer le compostage, convaincre et donner envie. Savoir écrire et présenter par écrit une action mise en œuvre.
3 - Maître composteur
Le maître composteur accompagne les collectivités, associations, entreprises et collectifs de citoyens dans le montage et l'entretien de leur site de compostage (conseils de dépôt, pesée des apports, retournement régulier du compost, transfert dans un bac de maturation...). Il est capable de dimensionner les sites de compostage, d’avoir une vision territoriale et d’intervenir auprès des décideurs et des élus. La plupart des maîtres composteurs sont salariés en collectivités, en entreprises ou dans des associations. Ils occupent des postes aux intitulés variés : chargé de mission compostage, chef d’équipe animateur déchets, chargé de mission prévention des déchets, responsable RSE, responsable développement durable, responsable transition écologique…
> Parcours de formation :
Il faut nécessairement avoir suivi un parcours de Guide composteur complet et maîtriser les compétences de la certification. S’ajoutent des compétences territoriales pour pouvoir mener des enquêtes, mobiliser des guides composteurs, pouvoir argumenter et monter un projet de gestion des biodéchets à l’échelle du territoire. Beaucoup de personnes en reconversion entrent dans le métier par la fonction de guide composteur. Prérequis : avoir un minimum de capacités physiques pour gérer les outils de jardinage, ainsi que des capacités d’organisation et de déploiement stratégique. Certification reconnue par France Compétences. Niveau Bac +2 ou Bac +3 en général.
Maître composteur : un parcours de formation certifiant
Pour disposer de personnes formées, un dispositif de formation a vu le jour entre 2012 et 2014. Le Réseau Compost Citoyen s’est associé au service formation de l’ADEME pour coconstruire un référentiel de compétences, qui a abouti à un dispositif de formation géré par l'Agence de l'environnement et de la maîtrise de l'énergie (Ademe) jusqu’en 2019 et, depuis cette date, par le Réseau Compost Citoyen.
La fiche réalisée avec l’Ademe sur le métier de maître composteur est disponible ici.
Le parcours maître Composteur est un parcours certifiant, reconnu auprès de France Compétences sous le numéro RS6116 ("Organiser et déployer des opérations de Prévention et gestion de proximité des biodéchets (PGprox) sur le territoire").
La fiche réalisée par France Compétences est disponible ici. Il est nécessaire d’avoir suivi le parcours complet de Guide composteur et de maîtriser les compétences associées à la certification du parcours (fiche - certification "Accompagner et sensibiliser à la pratique de la prévention et gestion de proximité des biodéchets ("PGprox") sur le territoire") avant de pouvoir suivre la formation de maître composteur.
Rencontre avec Léa Egret, 32 ans, maître compostrice chez Compostons : Lire l'article
Les chiffres clés du Réseau Compost Citoyen
Le Réseau Compost Citoyen fédère et fait connaître les acteurs de la filière. Il rassemble plus de 900 adhérents, associations ou structures de l’économie sociale et solidaire (ESS), qui accompagnent la stratégie biodéchets sur leur territoire, installent des sites de compostage de proximité et les font vivre.
Le Réseau Compost Citoyen, c’est :
- 2 000 référents de site formés chaque année depuis 2019 ;
- 500 guides composteurs complets par an formés ;
- 100 maîtres composteurs formés par an ;
- 7 000 jours stagiaires en 2022 (1 700 en 2020 et 6 900 en 2021).