« J’ai encore du temps pour postuler. Cela peut attendre septembre. »
Huguette Neveu : Faux, la cueillette des pommes dans la Sarthe par exemple court jusque fin octobre et une partie des postes sont déjà pourvus. Mais les opportunités restent nombreuses et il faut envoyer vos candidatures dès que possible sur les sites dédiés. Pareil pour les vendanges, qui se déroulent sur peu de temps, et l’horticulture en forte recherche de main d’œuvre pour la Toussaint.
« Sur quels sites trouvez-vous les offres ? »
Huguette Neveu : Sur francetravail.fr évidemment, la bourse à l’emploi du site de l’Association Nationale pour l’Emploi et la Formation en Agriculture (ANEFA), ses antennes départementales (Sarthe, Gard, Grand-Est… à ce lien, la carte renvoyant vers l’ensemble des sites locaux). Enfin le monde agricole a lancé récemment une plateforme dédiée, Des bras pour ton assiette.
« C’est possible de trouver du travail en se présentant directement à l’exploitation. »
Huguette Neveu : Vrai ! Les exploitants agricoles sont sensibles à ce premier contact et cela peut aller très vite ensuite. C’est aussi un moyen de poser toutes les questions relatives à l’organisation du travail, les attendus…
« Je viens de loin pour ce travail et l’employeur va me loger le temps du contrat. »
Huguette Neveu : Faux. Les agriculteurs n’hébergent quasiment plus car cela demanderait d’adapter le lieu à la réglementation sanitaire. Il faut donc privilégier la carte locale si vous habitez proche de l’exploitation ou si un parent peut vous loger le temps du contrat. Sinon, il y a la solution camping, très pratique mais attention à bien vérifier avant que le lieu ne ferme pas avant la fin de la saison. Exemple avec les pommes en Sarthe : fin de la saison le 20 octobre, quand certains campings ferment fin septembre.
« La cueillette c’est exigeant physiquement. »
Huguette Neveu : Vrai, cela demande une bonne résistance physique mais ce n’est pas du sport professionnel ! Savez-vous qu’une partie du contingent est composée de retraités ? L’important est donc de bien s’équiper (chaussures tenant aux chevilles, casquette contre le Soleil, bottes quand il pleut…) et de suivre les conseils des encadrants, qui s’attachent à votre protection en cas de forte chaleur ou d’intempéries.
« Les jobs saisonniers agricoles ne demandent aucune qualifications. »
Huguette Neveu : Faux. Ils sont ouverts à tous car il n’y a pas de formation préalable pour les effectuer, mais cela demande des qualités essentielles : sens de l’écoute, ponctualité, capacité à reproduire des tâches physiques avec régularité et assiduité sur toute la durée du contrat. Certaines tâches font également appel à des compétences horticoles, comme l’éclaircissage des pommes*. Mieux comprendre les plantes pour optimiser les récoltes, c’est aussi une dimension qualifiante de ces métiers.
« Le Covid-19 impacte-t-il la pratique du métier ? »
Huguette Neveu : Peu car la majorité des tâches se fait en plein air, avec une distanciation physique suffisante. Et quand un enjeu sanitaire se présente, les exploitants se chargent de les faire respecter : par exemple lors de la cueillette des pommes, ils désinfectent les charriots de transport lors du passage d’un verger à un autre ou attribuent aux cueilleurs des caisses de cueille nominatives. Pour les conditionnements en espaces fermés, les maraichers doivent également adapter leurs procédures pour assurer la distanciation physique, la désinfection du matériel, la mise à disposition de gel voire le port du masque.
« Les jobs saisonniers agricoles sont concentrés uniquement sur la belle saison. »
Huguette Neveu : Faux, on peut travailler toute l’année en emploi saisonnier, même à temps plein. En Maine-et-Loire par exemple où les besoins sont énormes. Par exemple, vous cueillez jusque fin octobre les pommes à manger et ensuite les variétés tardives jusque mi-décembre. L’employeur aménage alors les plages de travail pour permettre aux saisonniers de mieux supporter la température et les vêtements sont adaptés en conséquence.
« Pour un jeune, la cueillette de pommes ou le ramassage de melons n’est pas qualifiant sur un CV. »
Huguette Neveu : Faux ! Cela démontre un engagement dans le travail, un sérieux pour la suite, car l’employeur sait ce que cela représente de sacrifier un ou deux mois d’été pour faire ce job. Et pour les moins jeunes, les expériences passées réussies permettent de décrocher les jobs saisonniers suivants ou des emplois permanents.
* action d’éliminer avant grossissement une partie des fruits produits par un arbre trop chargé, qui s'épuiserait avec une telle production. Source : Gerbeaud.
Préparer son corps, une démarche personnelle
S’il peut donner des conseils ponctuels, l’employeur ne prodigue pas de préparation physique aux saisonniers. Mais comme pour l’effort sportif, afin d’atténuer l’impact des tâches (courbatures, fatigue), les coachs recommandent de s’échauffer pendant 5 minutes peu avant le début du travail. Par exemple effectuer des rotations douces de buste, de cou et d’épaules, des flexions de genoux, aller chercher les chevilles jambes tendues…
Autre point : privilégiez les gestes pouvant préserver votre dos. Exemple : soulevez des charges en s’appuyant sur vos jambes, pas les tirant avec les bras et penché en avant. Retrouvez quelques échauffements en vidéo.
Enfin, performer dans ces métiers passe par une récupération physique de qualité. La solution ? Repos et sommeil suffisants, hydratation importante et faible consommation d’alcool entre les jours ouvrés.