Vélociste ou garagiste de vélos : un métier qui grimpe !

Autrefois le réparateur de vélos était un mécanicien confiné dans son atelier. Aujourd’hui, Il est aussi vendeur, conseiller clientèle ou gérant de magasin. Son poste a évolué, la formation aussi. Voici comment devenir vélociste, garagiste du vélo.

Le grand kiff de Christopher, 23 ans, c’est, selon ses mots, de « mettre les mains directement dans le vélo ». L’envie de mécanique et une certaine extase à trouver l’origine d’une panne se sont imposés à lui en pratiquant le VTT à un haut niveau. « J’aime mon taf, dit-il, j’aime réparer les vélos. » À ses côtés, Thomas, 18 ans, qui vient de décrocher un bac général, option maths, se passionne, lui, pour la propulsion électrique : « C’est nouveau et j’adore apprendre », lance-t-il. Quant à Valérie, 58 ans, sa décision est prise. Elle abandonne son poste dans un grand groupe bancaire pour se reconvertir à 100 % dans le vélo. « J’ai adoré financer de l’immobilier, explique cette cycliste régulière, mais pour avoir les yeux qui brillent le matin, il me fallait trouver une nouvelle voie. »

Rattraper son bac en réparant des vélos

Christopher, Thomas et Valérie fréquentent le même campus à Saint-Denis (93). Tous trois sont apprenants au CNPC Sport, l’un des principaux centres de formation aux métiers du cycle de France.
Au numéro 3 de la place de la Berline, à Saint-Denis, au cœur d’un quartier en pleine réhabilitation, pas d’amphis mais des grandes salles bien éclairées à la fois atelier et salle de cours. Pendus à des supports muraux, des vélos de toutes marques, de tout âge et de toutes tailles attendent d’être disséqués. Les stagiaires devront apprendre à les démonter et à les remonter quasiment les yeux fermés dans un minimum de temps.

Au CNPC Sport, les sessions de formation s’enchaînent tous les deux mois par petits groupes de 12. L’âge minimum requis pour y être admis est de 17 ans, que l’on soit fille ou garçon. Depuis le 1er janvier 2022, le diplôme de technicien cycle est reconnu par l’État comme un titre RNCP de niveau 4. Adieu donc le certificat de qualification professionnelle (CQP) qui garantissait aux entreprises du cycle une base de compétences et bonjour au diplôme de technicien, vendeur, produit sport (TVPS), option cycle. Ce nouveau titre est une chance pour toutes celles et ceux qui ont échoué au BAC et qui souhaitent retrouver une équivalence. « Un jeune qui a raté le bac en septembre peut nous rejoindre en juillet, alterner cours théoriques et un apprentissage rémunéré et se retrouver l’année suivante avec un équivalent bac en poche qui lui permettra de poursuivre ses études », se félicite Mathias Duval, responsable du site CNPC Sport Île-de-France.
Le CNPC Sport assure une formation polyvalente. Les acquis purement techniques sont renforcés par des cours de niveau école de commerce sur la vente, la logistique et l’organisation d’un point de vente. « L’objectif, poursuit Mathias Duval, est de participer à la professionnalisation de la filière cycle. »

Un campus intergénérationnel

Installée sur cinq campus aux quatre coins de la France, cette école du cycle a la particularité d’accueillir toutes les générations. Sur 1 600 inscrits en 2021, 600 étaient des salariés ou parfois même des dirigeants à la recherche d’un nouvel horizon professionnel. Alors que les jeunes sortis de l’école bénéficient en moyenne d’une formation rémunérée en alternance de 2 à 3 ans, leurs aînés ont accès à une formation plus courte de 9 semaines. « La moyenne d’âge varie entre 38 et 50 ans, explique Nicolas Stalmach, coordinateur de formation au CNPC Sport. Ce sont le plus souvent des personnes qui ont réussi dans une activité très différente, mais qui nous disent avoir subitement ressenti le besoin de se lancer dans quelque chose qui ait du sens. L’univers du cycle porte des valeurs, une mobilité douce, utile, non polluante, qui leur parlent. ».

Ce fut le cas pour Bruno, aujourd’hui patron d’un magasin de cycles de 325 m2 à Crépy-en-Valois (60). Brutalement licencié à 54 ans d’une entreprise d’optique, ce cadre commercial a choisi de se reconvertir dans « sa passion de toujours », le vélo. Bruno ne regrette en rien son passage au CNPC Sport qui lui a réappris l’essentiel de la réparation d’un vélo. « Ce qui me manquait le plus au début, c’était la méthodologie. On ne démonte pas un frein par hasard. Il y a une façon de procéder, de poser ses outils, de se positionner ».
Aujourd’hui, avec l’expérience, Bruno sait diagnostiquer une panne au premier coup d’œil. Il sait aussi écouter un dérailleur ou une roue et entendre « celle qui va bien ». « Plus vite on répare, dit-il, plus vite on encaisse. Il faut savoir quoi faire et savoir bien faire. »

Un financement accompagné

La formation de Bruno a coûté près de 4 000 €, somme entièrement financée par France Travail. Compte personnel de formation (CPF), aide individuelle à la formation (AIF), allocation d’aide au retour à l’emploi (ARE), de nombreux financements existent. Encore faut-il les connaître et pouvoir en bénéficier ! Au CNPC Sport, il y a un accompagnement pour le montage des dossiers de prise en charge financière totale ou partielle des formations. L’autre avantage pour les élèves qui se lancent dans un cycle long est la rémunération des périodes de stage effectuées en entreprise.

« Il y a 20 ans, toutes les pièces d’une bicyclette se montaient de la même façon, peu importait la marque ou le niveau de gamme, remarque Nicolas Stalmach. Aujourd’hui quand on reçoit un dérailleur, la première chose à faire c’est de lire la notice. Oublier une vis de butée sur un dérailleur peut entraîner son explosion et celle de la roue arrière et pourquoi pas une chute. ». La complexité technique et le prix de plus en plus important des vélos sportifs hauts de gamme (jusqu’à 17 000€ pour un VTT à assistance électrique !) ont dopé les salaires des techniciens cycle. « Le minimum se situe au-dessus du SMIC, poursuit Nicolas Stalmach et jusqu’à 2 700€ par mois, avec vélo de fonction et tickets restaurant, dans des concessions qui réparent des cycles de très grande valeur. ».

Le fait que le vélo soit sorti du loisir pour devenir véhicule de transport quotidien a ouvert l’horizon de la profession. « Aujourd’hui, on se sert du vélo pour aller à son travail, on l’achète plus cher et on doit l’entretenir plus. Il y a un manque de bras dans les ateliers. On estime à 500 le nombre de postes à pourvoir », assure Nicolas Stalmach. Selon l’Observatoire du cycle, 1 million de vélos à assistance électrique seront vendus en France en 2025. De quoi voir venir !

LES ÉCOLES DU CYCLE

Faute de diplôme spécifique dans l’Éducation nationale, deux grandes branches professionnelles, l’Union Sport et Cycle et l’Association nationale pour la Formation automobile (ANFA) soutiennent les écoles, instituts et centres de formation qui assurent une formation diplômante reconnue par l’État dans la réparation des cycles.

CNPC-Sport-Business-Campus-308x188.jpgLe CNPC Sport est une école consulaire crée par la Chambre de commerce et d’industrie de Pau (Béarn) en 1981 en partenariat avec les fédérations professionnelles du Commerce du Sport représentant les fabricants et les distributeurs d’articles de sport. Pour pallier le manque de collaborateurs dans les magasins et ateliers spécialisés cycle, le CNPC Sport déploie sur ses 5 campus (Pau (siège social), Grenoble, Paris, Miramas et Nantes) 2 formations en apprentissage qui répondent à un double besoin :
- former du personnel qualifié dans l’entretien, la réparation, la préparation des vélos,
- former du personnel à des fonctions plus commerciales pour être au contact du client, gérer et animer un rayon dédié à l’univers cycle.
https://www.cnpc.fr/


INCM-308x188.jpgL’institut national du cycle et du motocycle (INCM) intervient sur tous les champs de la professionnalisation dans le secteur des deux-roues, motocycles et cycles. Implanté au Bourget, l’INCM a ouvert un deuxième site sur le campus de Guyancourt (78) où il propose l’ensemble des formations en maintenance et commerce cycles et motocycles, en alternance comme en formation continue. L’INCM dispose d’antennes basées à Toulouse, Nantes et Lyon.
https://www.incm-formation.fr/



Supdevelo.pngCe centre de formation spécialisé dans les métiers du vélo propose diverses formations allant de trois jours pour la formation Conseiller expert en vélo à assistance électrique (VAE), jusqu’à 9 semaines pour la formation Technicien-Vendeur en produit sport option maintenance Cycle. Il faut cependant être majeur pour pouvoir en bénéficier.
Dans le département du Gers (32), Sup de vélo dispose d’un magasin-école de 200 m2, plus 700 m2 de bâtiments exclusivement réservés à la formation aux métiers du cycle. Un deuxième centre existe à Orléans dans le Loiret (45).
https://www.supdevelo.com/
EMBA-School-Business-308x188.jpg
Créée en 1990, l’EMBA Business School est l’école supérieure de commerce de la Chambre de commerce et d’industrie métropolitaine Bretagne ouest. Sur son campus de Quimper, l’école réunit 3 pôles de formation : Commerce-Vente, Commerce international Europe Asie et Management gestion d’entreprise.
L’EMBA offre ainsi une filière complète et unique en Bretagne en Commerce SPORT inté-grant : CQP Vendeur Technicien Cycle, Opérateur Cycle, Bac+2 Gestionnaire commercial Sport et Bachelor Responsable distribution Sport.
https://www.emba-bs.com/ecole/


 

À 180°, épisode 12 - saison 02 : de la radio à la réparation de vélos


Direction l’Isère, où Laurent Ametller a su faire de sa passion pour les bicyclettes anciennes son nouveau métier. Il nous raconte son virage des studios de radio à son atelier de réparation La Bicicletta, situé à Bourg d’Oisans, aux pieds de la montée mythique de l’Alpe d’Huez. Comment a-t-il réussi ce virage professionnel ? Quel a été son parcours ? Pourquoi avoir choisi d’entreprendre à l’âge de 50 ans après un licenciement ? Que lui a apporté cette reconversion ? Écoutez cet homme passionné dont le concept store est devenu aujourd’hui incontournable sur le marché des vélos vintage de 1900 à 1980.