Aujourd’hui vous êtes directeur de l’usine « traiteur de la mer ». Quelles ont été les grandes étapes de votre parcours professionnel ?
Fabien Epaud : Depuis 2018 je suis directeur du site « traiteur de la mer » à Chantonnay, et je suis rentré dans l’entreprise en 1996, donc il y a vingt-six ans. Je suis entré par la petite porte, j’arrivais en Vendée, et je ne connaissais pas du tout Fleury Michon. Je devais trouver du travail et j’ai pris le premier poste qu’on m’a proposé : opérateur en sortie de ligne, au suremballage, sur le site de Montifaut Jambon, à Pouzauges. Je participais à mettre les sachets de jambon (qui venaient d’être conditionnés sur la ligne) dans les cartons, ces derniers étant préformés avant sur une machine. En bout de ligne, quelqu’un venait palettiser les cartons. À l’époque tout était manuel, mais aujourd’hui cet environnement a bien changé, tout est désormais automatisé.
Ensuite on m’a proposé d’intégrer un parcours CQP (Certificat qualifiant professionnel) reconnu par la FICT (Fédération française des industriels charcutiers traiteurs), pour devenir conducteur de ligne. Cela a duré six mois, de fin 1996 à juin 1997, avec une partie théorique et une partie pratique. Cela m’a permis d’évoluer vers un poste de conducteur de ligne de conditionnement.
Par rapport à votre premier poste d’opérateur, est-ce que l’éventail de vos tâches est devenu plus large ?
F. E. : Effectivement, mes tâches sont devenues plus vastes et à plus forte valeur ajoutée. Un conducteur de ligne a beaucoup plus de responsabilités : celles de fabriquer en quantité, au meilleur coût et dans les bons délais. On pilote plusieurs machines et on a un rôle d’animation des personnes qui travaillent sur la ligne. Il n’y a pas de lien hiérarchique mais ce poste doit donner le tempo, transmettre les consignes aux autres collaborateurs de la ligne, car il est en relation avec l’encadrement. J’ai occupé ces fonctions de 1997 à 1999.
Vers quel poste avez-vous ensuite évolué ?
F. E. : J’ai eu envie de devenir manager, et en 1999 j’ai eu une opportunité sur le même site, quand une collègue est partie en congé maternité. On m’a proposé d’assurer son remplacement au poste de manager d’équipe opérationnelle, dans l’équipe où j’évoluais déjà. C’était un poste de manager en 2x8, en équipe alternante, où on encadre une équipe, qui peut être de taille assez variée. À partir de 2002, je suis devenu manager en journée normale, et on m’a confié la mission de commencer à faire évoluer nos lignes de conditionnement.
Et sur quoi a porté cette évolution des lignes ?
F. E. : Quand j’étais conducteur de ligne, une ligne de conditionnement, c’était un trancheur, une balance, on mettait le jambon dans du film thermoformé, on scellait le film. Ensuite venaient les étapes du découpage des barquettes, de leur étiquetage par des stickers, et le marquage avec un jet d’encre. Tout ça, c’était sur une seule et même ligne. Et nous avons pris la décision, dans les années 2001-2002, de sortir des salles de tranchage tous les matériels annexes (le marquage avec du jet d’encre, les étiqueteuses), et on en a profité pour ajouter les trieurs pondéraux et les détecteurs de métaux, etc. J’ai donc eu cette responsabilité de sortir le matériel, de créer les premières lignes de suremballage et de les développer. Et en 2006, on a démarré sur ce site l’automatisation de toutes les lignes de suremballage.
Est-ce que cela a fait évoluer le travail ?
F. E. : Absolument, parce qu’on a créé des postes qui n’existaient pas avant, comme ceux de conducteurs de ligne de suremballage.
Et est-ce qu’il y a des postes que cela a fait disparaître ou réduit en effectif ?
F. E. : Fleury Michon, c’est une société où on accompagne les gens, par de la formation notamment, pour évoluer d’un poste à un autre. Et c’est ce qui s’est passé dans les années 2000, où on a accompagné des gens qui étaient opérateurs de production, vers des postes de conducteurs de ligne de suremballage.
C’est un métier qui est moins pénible physiquement ?
F. E. : Complètement, c’est beaucoup moins répétitif, ce sont des postes à plus forte valeur ajoutée. Cela consiste à s’assurer que le trieur pondéral est bien réglé, que le détecteur de métal est bien réglé, conformément au produit qu’on va passer, que la borne de marquage est également réglée correctement et que c’est le bon marquage qu’on a sur la barquette. Ce sont des contrôles, de la surveillance, parfois des interventions parce qu’il y a des dysfonctionnements des machines, mais on n’est plus dans le geste répétitif qu’on pouvait connaître avant aux postes d’opérateur. Et on réduit la pénibilité des postes, dès qu’on le peut.
Et ensuite, sur quels projets avez-vous travaillé ?
F. E. : J’ai postulé au poste d’« aide culinaire », sur un autre site voisin, pour être responsable du service de production. Là, j’ai dû gérer des managers, et ça a été une belle aventure de 2007 à 2015, avec pas mal de gestion de projets. Nous avons agrandi le site pour y construire un atelier de fabrication, alors que nous ne faisions que du conditionnement et du suremballage sur ce site-là. Puis, je me suis occupé d’un deuxième gros projet : l’automatisation de toutes les sorties de ligne de suremballage. Il fallait préparer les équipes à conduire de nouvelles machines.
Et ensuite, vous êtes devenu directeur d’usine ?
F. E. : Pas tout de suite, puisque j’ai évolué vers un métier que je ne connaissais pas, sur la plateforme de logistique intégrée de Fleury Michon. Ce défi m’a permis d’exprimer mes compétences managériales. J’ai occupé ce poste trois ans, puis on m’a proposé de prendre le poste de directeur de l’usine « traiteur de la mer ».
Qu’est-ce qui vous plaît le plus dans le secteur agroalimentaire, et dans celui des produits de cette usine ?
F. E. : J’ai découvert l’agroalimentaire en arrivant chez Fleury Michon en 1996, et mon souhait c’était d’encadrer des équipes. Ce qui me plaît dans l’agroalimentaire, c’est que nous avons un vrai travail à faire pour démystifier le secteur. En effet, il y a beaucoup d’idées reçues ! Sur le traiteur de la mer notamment, beaucoup de gens pensent que le surimi est fait avec de la peau, des arêtes broyées et des viscères de poisson. Alors que c’est totalement faux : le surimi est essentiellement fait avec de la chair de poisson ! Nous avons de belles usines et depuis 2015, nous ouvrons en grand leurs portes, pour que les gens puissent venir vérifier que ce qu’on fait, et qu’on le fait bien. Nous investissons pour maintenir nos usines en bon état, ça y sent bon, parce qu’on fait de la cuisine, on utilise des arômes naturels. Le but, c’est de démystifier notre activité en permettant aux gens de la voir.
Quel sont les aspects de l’entreprise qui ont le plus évolué, depuis que votre entrée chez Fleury Michon il y a plus de 25 ans ?
F. E. : Un des axes auxquels l’entreprise a accordé le plus d’importance est celui des conditions de travail et de la pénibilité. On a fait énormément de progrès dans ce domaine et on en fait encore. À chaque fois que c’est possible, on automatise une tâche pour retirer de la pénibilité. Et quand il y a des postes compliqués, nous faisons tourner les salariés au sein d’un 8, pour que ce ne soit pas la même personne qui exécute cette tâche pénible sur un 8 complet.
Est-ce que vous recrutez des alternants ?
F. E. : Dans notre usine, nous recrutons des alternants essentiellement en maintenance. Nous en avons trois sur le site. Nous les recrutons jeunes et les accompagnons tout au long de leurs études. Et derrière, on leur propose régulièrement des postes.
Pour devenir directeur d’usine, quelles formations avez-vous suivies ?
F. E. : J’ai été formé dans l’entreprise tout au long de ma carrière. En 2003, j’ai obtenu un CQP de responsable d’équipe, à la suite d’une formation de sept mois en alternance.
Quels sont vos principaux défis pour les années à venir ?
F. E. : Maintenir notre activité et travailler notre attractivité, pour faire venir jusqu’à nous les personnes avec qui on a envie et besoin de travailler demain.
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