Qu’entend-on exactement par intelligence émotionnelle ?
Joie, tristesse, angoisse, colère, frustration, sérénité… à l’image des « panneaux signalétiques sur les autoroutes », nos émotions, comme celles des autres, peuvent être de précieuses sources d’information. Et nous sommes tous plus ou moins capables de les capter et de les traiter, pour adopter le bon comportement dans une situation donnée. C’est ce qu’on appelle « l’intelligence émotionnelle ». Dans le monde du travail, cette forme d’intelligence est un réel vecteur de performance. Elle est très complémentaire des savoir-faire métiers et de l’intelligence analytique, avec lesquels elle cohabite très bien. Toutes ces formes d’intelligence constituent un tout.
Les recruteurs s’y montrent aujourd’hui de plus en plus sensibles…
Effectivement. Une entreprise à tout à gagner à s’appuyer sur des personnes « émotionnellement intelligentes ». Elles gèrent mieux le stress et la prise de décision dans les situations complexes ou incertaines. Ce qui est d’ailleurs bénéfique pour leur santé mentale et physique.
Dans la sphère professionnelle et personnelle, les personnes avec un fort quotient émotionnel ont des relations sociales de qualité. Elles bénéficient souvent d’une certaine aura autour d’elles.
À compétences ou bagages techniques équivalents, cela peut faire la différence lors d’une embauche. Les recruteurs ciblent des personnes qui peuvent s’inscrire dans un collectif, capables de créer l’harmonie dans un groupe.
Dans quels métiers cette forme d’intelligence peut-elle être un atout ?
Elle est naturellement une force dans des métiers dits « émotionnels », où l’on interagit avec l’autre : vendeur, aide à la personne, steward ou hôtesse de l’air, conseil, ressources humaines… C’est aussi une qualité essentielle quand on exerce une fonction d’encadrement, quel que soit son secteur d’activité. L’intelligence émotionnelle représente aussi un atout dans les métiers créatifs : graphisme, dessin, publicité, artisanat, design, R & D… L’émotion est à la base de la création. Elle met les idées en mouvement. Elle est un véritable « booster ».
Comment la mettre en valeur lors d’une recherche d’emploi ?
Il peut être intéressant de présenter de manière synthétique son « profil émotionnel » sur son CV. Des tests fiables existent, comme le QEPRO, que j’ai développé avec une chercheuse associée d’Emlyon business school. Que son quotient émotionnel (QE) soit élevé ou se situe dans la « moyenne », cela pourra permettre de se démarquer et de nourrir une discussion avec le recruteur. Lors d’un entretien, il peut aussi être pertinent de mettre en valeur des « actes émotionnellement intelligents ». Cela peut être des situations professionnelles durant lesquelles on a su réguler un conflit, trouver un consensus ou encore faire preuve de courage. Le courage, qui est intiment lié à la capacité à réguler la peur, est une caractéristique, souvent partagée des personnes « émotionnellement intelligentes ». En général, elles savent faire le tri entre des peurs utiles et celles qui ne sont pas fondées.
Y-a-t-il moyen d’améliorer son intelligence émotionnelle ?
Oui. Tout à fait ! Rien n’est figé, c’est ce que l’on appelle la « plasticité cérébrale », l’une des plus grandes découvertes en neurosciences de ces dernières années ! Pour cela, il faut savoir sortir de sa zone de confort, de son cocon. L’intelligence émotionnelle se nourrit des nouvelles expériences que l’on vit. Elle aide le cerveau à mieux appréhender les situations inédites.
Le yoga et la méditation, qui permettent une forte introspection, sont aussi de bons moyens de mieux comprendre ses émotions et d’améliorer son intelligence émotionnelle.
Vous pouvez également utiliser une application gratuite pour smartphone, « Dr Mood », que nous avons développée avec l’entreprise Moodwork. Elle aide à mettre des mots sur nos émotions et propose, si nécessaire, des petits exercices ou des conseils utiles pour les réguler si celles-ci sont « toxiques » ou inadaptées. Ce qui important, c’est de ne pas tricher avec soi-même ou avec les autres, par exemple lors d’un entretien d’embauche, car cela se voit. La personne « émotionnellement » intelligente n’essaie pas de manipuler. Ce qui la caractérise, c’est son authenticité. »
« La contagion émotionnelle », Edition Albin Michel.