Vous pratiquez régulièrement une activité artistique ? Avez-vous déjà songé à la mettre au service du lien social ou des personnes vulnérables ? De plus en plus, des établissements médico-sociaux font appel à des professionnels en art-thérapie. Et si vous êtes déjà exercé dans le domaine médico-social ou éducatif, vous pourrez réaliser une formation complémentaire, pour acquérir les bases en la matière. Cela vous permet d'avoir une corde en plus à votre arc, et peut même devenir un complément inspirant pour votre propre création artistique.
Une pratique de plus en plus courante
Puisant ses origines parmi différentes expérimentations, l'art-thérapie a d'abord été expérimentée par certains pionniers, comme le peintre anglais Adrian Hill, en 1940. Atteint de tuberculose et placé en sanatorium, il trouva dans la peinture un outil l'aidant à guérir rapidement. Par la suite, la Croix-Rouge britannique va appliquer cette méthode à ses patients, et dans les années 1950, des premiers programmes de formation en art-thérapie sont organisés aux États-Unis. En tant que thérapie, elle peut être une alternative à la méthode psychanalytique, en utilisant la création artistique pour travailler sur les problématiques inconscientes de l'individu pour améliorer son bien-être.
De plus en plus, l'art-thérapie connaît aussi des utilisations plus ponctuelles, étant intégré à différents dispositifs d'accompagnement et d'hébergement médico-social, notamment dans le secteur du handicap et dans celui de la « silver économie » (autrement dit le secteur dédié aux personnes âgées). Elle est parfois utilisée auprès de personnes en situation d'exclusion ou en parcours de (ré)insertion.
L'art thérapie peut passer par la pratique d'arts plastiques, de la danse, de la musique, de théâtre ou de toute autre activité artistique perçue comme la mieux adaptée à la personne qui va s’y adonner. Dans tous les cas, l'objectif est d'apporter du « mieux-être » et de stimuler les capacités d'autonomie des personnes.
À noter que l’art-thérapie se pratique en étroite coordination avec les personnels soignants des établissements dans lesquels elle est proposée, notamment des psychologues ou des psychomotriciens, pour bien répondre aux besoins des patients et résidents.
La musicothérapie en pratique
Animatrice dans un foyer d'accueil médicalisé (FAM) pour personnes handicapées et également musicienne, Sylvette a suivi une formation en musicothérapie pendant six mois il y a peu. L'occasion pour elle de découvrir l'étendue du spectre de l'art-thérapie, et sa manière de lier plusieurs disciplines. Dans la pratique, elle préconise d'amener les choses en douceur : « on ne cite pas forcément les noms des différentes disciplines que l'on pratique pour ne pas effrayer les gens. Mais finalement, on les amène à danser, à chanter, à respirer et surtout à créer ».
Pour des personnes handicapées, avec une capacité de mouvement mais aussi souvent d'expression réduites, la musicothérapie a pour rôle d'aider les personnes à reprendre conscience de leur corps, mais aussi à entretenir et développer leur mobilité. Elle permet également de travailler sur les émotions ou encore sur la notion de rythme.
Ce qui caractérise l'art-thérapie, c'est le fait de passer par la pratique et d'être relié à des finalités bien précises, souligne la jeune diplômée. Ainsi, elle cite comme exemples d'objectifs thérapeutiques l'amélioration de « la confiance en soi, la conscience de soi, l'échange, le lâcher prise, la mémorisation et la concentration ».
Cela peut passer par l'utilisation de différents instruments, et si vous êtes artiste, peut-être que cela sera pour vous l'occasion de pratiquer votre art ! Désormais indépendante, Sylvette va ainsi bientôt intervenir dans un EHPAD pour animer des ateliers auprès des salariés puis des résidents, mais aussi pour y donner un concert. L'art-thérapie semble donc un moyen de conjuguer sa passion, soit en tant que métier principal, soit en activité complémentaire à celle d'artiste.
« On les amène à danser, à chanter, à respirer et surtout à créer. »
Stimuler les participants
L’art thérapeute doit être capable de s’adapter en permanence aux personnes qu’il accompagne. L’art est un moyen et non une fin en soi. C’est un procédé créatif, qui sort de l’ordinaire et éveille les patients. En effet, « on propose des choses et on voit ce qui se passe », ajoute Sylvette.
Parmi le public lourdement handicapé hébergé en foyers d’accueil médicalisé (FAM), certains résidents vont travailler leurs difficultés de diction, tandis que pour d'autres, ce sont les capacités de mouvement qui auront davantage besoin d'être soutenues, par exemple en utilisant des percussions : « le but n'est pas de créer quelque chose de beau, mais je les guide. Il y a la recherche du rythme, qui amène une concentration et une mémorisation, et de mouvement. ». Ainsi, ces ateliers favorisent l'entretien de la motricité physique des participants.
Cela passe aussi par un travail sur la voix et les émotions, l'écriture ou aussi les mouvements, qui sont parfois pratiqués sans musique, pour « voir ce qui se passe chez les participants ». Alors, explique Sylvette, « soit ils ont le sens du rythme et cela va naturellement amener un rythme, soit il n'y aura pas de rythme, mais un échange avec les autres. »
Ce sont les réactions des uns et des autres, qui peuvent aller « du rire aux larmes », en passant par le refus ou la gêne, qui vont constituer autant d'éléments qui seront ensuite interprétés par les psychologues ou psychomotriciens du foyer, pour mieux connaître et accompagner les résidents. Par exemple, Sylvette se rappelle la réaction de l’une des responsables du foyer, s'étonnant de voir un résident sortant habituellement peu de sa chambre, faire preuve d'enthousiasme pour se rendre à la tenue de l'atelier de musicothérapie.
Au-delà du secteur du handicap et des personnes âgées, l'art-thérapie semble pouvoir être utilisé partout où l'on souhaite développer du lien entre les personnes. Cela peut se faire dans les écoles, les centres d'hébergement, les hôpitaux et même éventuellement en entreprise, dans le cadre de stages de team building destinés à renforcer la cohésion des équipes.
Une diversité de parcours de formations pour accéder au métier
Pour devenir art-thérapeute, différents cursus existent, de niveau bac +4 à bac +5, avec des diplômes universitaires et des masters dans différentes spécialités disciplinaires. Il existe plusieurs courants, tels que l'art-thérapie traditionnelle, contemporaine ou encore moderne. Proposant différentes approches, ces écoles ont toutes en commun de mettre l'art au service du soin des personnes. Pour la musicothérapie, vous pouvez contacter l'AMIF, l’école de formation de Sylvette Vous pouvez vous renseigner auprès de l'INECAT (Institut national d'expression, de création, d'art et transformation), de Profac ou encore de l'Afratapem, école d'art-thérapie.
Si les vertus de l'art et des bienfaits qu'il peut apporter à la santé, même en tant que spectateur, ne sont plus à démontrer. Mais faire pratiquer un art à des personnes malades, affaiblies ou handicapées est un véritable complément thérapeutique. N’hésitez pas à en parler à votre conseiller France Travail !
L’art-thérapie, reconnue par l’OMS
En s’appuyant sur plus de 900 publications scientifiques, l’Organisation Mondiale de la Santé a publié un rapport en 2019 démontrant l’influence positive que les arts peuvent avoir sur la santé. Au-delà de l’apport thérapeutique auprès des malades, le rapport souligne également les bienfaits de l’art tout au long de la vie, du stade gestatif à la fin de vie : le théâtre peut renforcer le bien-être et limiter l’exposition à de la violence ; le chant, améliore l’attention, la mémoire épisodique et les fonctions exécutives.Le rapport porte enfin des recommandations quant aux politiques à mener pour encourager l’art-thérapie à tous les niveaux, de la formation des professionnels de santé à l’introduction ou le renforcement de ces activités dans les prescriptions médicales.