En cassant les codes du recrutement, l’opération « Du stade vers l’emploi » permet aux candidats de se mettre en valeur et de valoriser des compétences autrement que lors d’un entretien standard. Pour la jeune Gilda Zoubery, la formule mérite une médaille d’or.
Crédit photo : Anne Loubet
Participer à une session de recrutement classique est toujours un exercice intimidant. Mais quand le « dress code », c’est baskets/jogging plutôt que costume/cravate ou tailleur/talons hauts, les aprioris tombent et les talents s’expriment. Surtout quand il n’y a pas de CV à produire et que les recruteurs sont soumis aux mêmes épreuves que les candidats. Démystifier le processus d’embauche, c’est en tout cas l’esprit dans lequel a été conçue l’opération « Du stade vers l’emploi », une formule qui associe loisirs sportifs et recrutement, dans une ambiance aux antipodes d’une session traditionnelle.Ici, le sport n’est qu’un prétexte. Candidats et recruteurs se retrouvent le matin sur un stade ou dans un gymnase. Là, des conseillers France Travail forment des équipes par grands domaines professionnels, mais personne ne sait qui est qui. L’après-midi, tout le monde se dévoile et les liens noués dans la matinée facilitent le contact. « Il n’est pas nécessaire de pratiquer un sport pour y participer », souligne d’ailleurs Barbara Leroy, conseillère à l’agence de Nice-centre, qui a participé à une session à Cagnes-sur-Mer impliquant la plupart des agences des Alpes-Maritimes, en partenariat avec la fédération française de badminton.Gilda Zoubery, une jeune maman de 32 ans, se félicite de s’y être inscrite. « Quand on m’a expliqué le principe, j’ai trouvé ça super, confie-t-elle, et sur place, j’ai trouvé ça encore mieux. J’ai pu être naturelle, sans peur du jugement. Ça casse les barrières entre les recruteurs et nous qui cherchons du travail et ça nous permet, sans savoir qui est qui, de montrer d’autres facettes de notre personnalité, de montrer qui nous sommes. L’ambiance est beaucoup moins intimidante que lors des entretiens classiques.» Les activités conçues de manière à mettre en valeur les qualités professionnelles, humaines et relationnelles : permettent aux recruteurs et candidats de se découvrir sous un angle inédit. « Le fait de jouer au badminton, avant de parler emploi, m’a permis de montrer que j’étais endurante, accrocheuse mais toujours souriante, ce qui n’apparaît pas dans mon CV. » souligne la jeune femme.
et de décrocher mon contrat. »
Dans l’après-midi, Gilda a ainsi enchaîné les tête-à-tête avec les recruteurs, assise en tailleur face à eux. Résultat : cinq propositions et un contrat signé avec Adecco, l’agence d’intérim qui embauche elle-même les bons profils et les propose à ses entreprises clientes. Pour Gilda, qui a déjà une solide expérience de vendeuse, c’est une enseigne de sportswear de luxe qui a eu sa préférence. Et elle ne le regrette pas. « Le travail est intéressant, l’équipe est super sympa et super soudée, les responsables sont géniaux… ça se passe très bien pour moi. » Au point qu’elle « recommande » la formule « Du stade vers l’emploi », même « à des gens qui n’ont jamais fait de sport de leur vie. »
LE MOT DU CONSEILLER
Barbara Leroy, conseillère à l’agence de Nice-centre
« La formule « Du stade vers l’emploi » permet aux candidats de se dévoiler de façon plus authentique et de créer du lien avec les autres, sans savoir s’ils sont recruteurs ou candidats. En brisant les cadres habituels et en ne focalisant pas sur le CV, qui n’est pas un élément de crispation dans ce contexte, des talents peuvent se révéler plus facilement, y compris dans des domaines professionnels auxquels ils ne semblaient pas destinés.»