« France Travail a fait un excellent travail de sourcing, et chaque entreprise a pu choisir ses futurs collaborateurs. » — Nicolas Boulommier (AB Services)
« Cette formation est une vitrine pour le métier de tuyauteur et un exemple à suivre pour d’autres filières. » — Francis Moulin (France Travail)
Le secteur de la tuyauterie industrielle fait face à un défi de taille : le manque criant de main-d’œuvre qualifiée. Ce constat est particulièrement vrai en Haute-Marne, où les besoins des entreprises locales peinent à être satisfaits, faute de formation adaptée. C’est dans ce contexte que s’est développée une initiative inédite, fruit d’une collaboration entre sept entreprises locales, France Travail, la Région Grand Est et l’Institut de Soudure. Cette alliance a donné naissance à la première formation dédiée au métier de tuyauteur dans la région.
Un besoin urgent de tuyauteurs : le point de départ du projet
Pour Nicolas Boulommier, directeur de l’entreprise AB Services, et président du MEDEF 52, le constat était clair : « Nous manquons cruellement de tuyauteurs qualifiés et aucune formation locale ne répondait à ce besoin. » Avec 31 salariés en CDI et un chiffre d’affaires de 5 millions d’euros, cette entreprise spécialisée dans la maintenance industrielle, la tuyauterie et la chaudronnerie, était représentative des difficultés rencontrées dans le bassin de Saint Dizier.
Face à cette pénurie généralisée de talents, une première réflexion a vu le jour : créer un centre de formation en tuyauterie industrielle commun à Saint Dizier. Cependant, il est vite apparu que des outils et des compétences existaient déjà au sein de l’Institut de Soudure (IS), un organisme reconnu dans le secteur. Grâce à une collaboration active entre France Travail, la Région Grand Est, et l’IS, la première formation de tuyauteurs en Haute-Marne a vu le jour, cofinancée par la région à travers le dispositif FIFE, et par France Travail via la POEI (Préparation Opérationnelle à l’Emploi Individuelle).
Francis Moulin, référent industrie à l’agence France Travail de Saint Dizier, souligne l’ampleur du travail nécessaire pour lancer ce projet : « Cela faisait plusieurs années que nous tentions de mettre en place une formation adaptée. Cette fois, nous avons réuni les bons interlocuteurs, trouvé les locaux pour héberger la formation, et mobilisé les financements nécessaires. »
La méthode de recrutement par simulation : des doutes transformés en succès
Une des spécificités de cette initiative a été le recours à la Méthode de Recrutement par Simulation (MRS), un outil développé par France Travail. Plutôt que de se baser sur des diplômes ou des expériences préalables, la MRS évalue les habiletés et la motivation des candidats à travers des exercices pratiques.
Les entreprises, dont certaines pourtant sceptiques au départ quant à cette méthode innovante de recrutement, ont finalement été conquises. La MRS a permis d’attirer une diversité de profils, allant d’un ancien gendarme à un ex-directeur de casino, mais aussi des demandeurs d’emploi en reconversion ou des chômeurs de longue durée.
Après cette présélection, un job dating a été organisé pour que les entreprises et les candidats puissent se rencontrer. « France Travail a fait un excellent travail de sourcing, et chaque entreprise a pu choisir ses futurs collaborateurs », salue Nicolas Boulommier. À l’issue de ce processus, dix candidats ont été retenus pour intégrer la formation.
Celle-ci, d’une durée de près de 8 mois, a été élaborée pour répondre précisément aux besoins des entreprises locales. Encadrée par l’Institut de Soudure, elle a bénéficié de matériel neuf et de formateurs expérimentés, suscitant un enthousiasme général. Les entreprises ont également joué un rôle actif en fournissant des équipements de sécurité dès le début de la formation, créant une véritable cohésion entre les participants et leurs futurs employeurs.
Pour Nicolas Boulommier, l’expérience est un franc succès : « Le contenu de la formation était bien pensé. C’est un modèle à suivre. Nous avons recruté deux personnes issues de cette promotion, et pour une première initiative, c’est une réussite ! » L’implication des différentes parties, de France Travail aux entreprises, a été déterminante pour le succès de cette première session. « Chacun avait son rôle et sa place autour de la table, et c’est pour cela que cela a fonctionné », conclut-il.
Des perspectives prometteuses
Cette première formation marque une étape importante pour la région de Saint Dizier, où les besoins en tuyauteurs restent considérables. Sur les 10 stagiaires qui ont complété la formation, 8 sont actuellement en CDD de longue durée ou en CDI. Les entreprises impliquées envisagent déjà une nouvelle promotion, bien que la conjoncture économique puisse ralentir les recrutements à court terme. « Même si l’activité a ralenti, il est crucial de se préparer pour repartir de plus belle » estime Nicolas Boulommier.
Pour que ce modèle puisse perdurer, un engagement des entreprises et des financeurs reste indispensable. En effet, si la Région Grand Est et France Travail ont entièrement pris en charge la première promotion, une nouvelle session nécessitera la mobilisation d’au moins 10 participants et un soutien renouvelé des entreprises.
Francis Moulin est confiant : « Cette formation est une vitrine pour le métier de tuyauteur et un exemple à suivre pour d’autres filières. » Grâce à cet effort collectif, les entreprises de la région disposent désormais d’un outil efficace pour attirer et former des talents locaux, tout en redynamisant un bassin métallurgique historique. Nicolas Boulommier conclut : « La valeur ajoutée se crée dans les entreprises. Former les jeunes à des métiers utiles, c’est préparer l’avenir. »