Aude Zwickert, agente France Travail au service entreprise de France Travail : « La MRS permet de gagner du temps dans le processus de recrutement, car tout est géré par France Travail. »
Claire Gand, directrice des ressources humaines de la DDFIP de Colmar : « Cette méthode a permis de multiplier par trois, voire quatre sur certains postes, le nombre de candidats. On ne demandait plus un CV et une lettre de motivation, et pour une administration comme la nôtre c’est encourageant. »
Sylvie Royer, agente MRS pour le Haut-Rhin : « La DDFIP a fait un bilan de cette session de recrutement et il était très positif. Ils se sont rendu compte qu’ils avaient recruté des personnes qu’ils n’auraient pas forcément retenues en temps normal. »
Recrutement massif : la MRS à la rescousse
En contexte de plein-emploi et suite aux conséquences de la Covid-19, la DDFIP a rencontré des défis de recrutement sur certains postes. En première ligne, les agents administratifs contractuels : « Le système de recrutement par concours du service public freine souvent les candidats en raison du manque de visibilité quant à l’évolution de leur carrière. », explique Claire Gand, directrice des ressources humaines de la DDFIP de Colmar. « C’est notamment pour cela qu’ont été créés les postes de contractuels. De plus, le départ à la retraite de nombreux employés, lié à la démographie nationale, a créé un besoin prégnant en personnel, difficile à compenser avec les méthodes de recrutement traditionnelles. ».
Pour surmonter ces défis de recrutement, France Travail a présenté la méthode de recrutement par simulation (MRS) à la DDFIP. L’objectif ? Se concentrer sur les aptitudes et les compétences réelles des candidats à travers des exercices pratiques conçus spécialement pour les postes à pourvoir. « Cette méthode était nouvelle pour notre administration, cela a été un véritable défi de la mettre en place et de changer les mentalités ! » confie Claire Gand. Un défi relevé avec succès grâce à de nombreuses années de travail commun entre la DGFIP et France Travail : « Pendant un an, on a étudié les métiers de la DGFIP pour en tirer un noyau central d’habilités qu’on pouvait évaluer », explique Sylvie Royer, agente MRS pour le Haut-Rhin. « Ensuite, on a mis en place une séance d’exercices avec les salariés de la DGFIP pour avoir une estimation des exigences de l’entreprise et un outil d’évaluation ».
Une fois cette première étape franchie, place à la suivante : organiser des journées portes ouvertes à la DDFIP de Colmar, pour promouvoir les métiers et recueillir les candidatures. Après trois réunions d’information collectives, 90 candidats ont été évalués en juillet 2023, dont une soixantaine retenus pour participer aux job dating organisés sur deux bassins différents (Colmar et Mulhouse). « En septembre 2023, 19 personnes ont été recrutées et sont toujours en poste aujourd’hui, c’est un très bon résultat ! » conclut Sylvie Royer.
La MRS, une méthode gagnante pour les entreprises
« La méthode MRS a presque 30 ans, explique Sylvie Royer. Elle est née en 1995, au moment des gros recrutements dans l’automobile en région parisienne et a beaucoup été utilisée par Renault. ». Selon l’agente MRS, on pense souvent à cette méthode pour les recrutements en masse : « et c’est vrai que c’est l’outil idéal ! ».
Côté entreprise, cette approche permet un recrutement efficace et rapide. Pour Aude Zwickert, du service entreprise de France Travail, la MRS permet « de gagner du temps dans le processus de recrutement, car tout est géré par France Travail. ». « Elle permet aussi d’élargir la cible des candidats », ajoute-t-elle. « Les entreprises sont sensibles au recrutement sur des habilités spécifiques, et sur une nouvelle approche des candidats ». La bonne nouvelle ? Les exercices pratiques de recrutement sont duplicables en fonction des régions et des sites, et réplicables dans le temps. « Si la DDFIP veut à nouveau recruter l’année prochaine, on va aller bien plus vite ! » ajoute Sylvie Royer.
Un outil de lutte contre les discriminations
Et la Méthode de Recrutement par Simulation ne satisfait pas que les entreprises. En abandonnant l'accent mis sur les diplômes au profit des compétences et des aptitudes, la MRS élargit la cible des candidats potentiels, et simplifie le processus de recrutement. Pour Claire Gand, « cette méthode a permis de multiplier par trois, voire quatre sur certains postes, le nombre de candidats. » Cette méthode permet aussi aux demandeurs d'emploi de surmonter leurs peurs. Sylvie Royer souligne que « parfois, les demandeurs d’emploi se mettent des obstacles en se disant que ce n’est pas fait pour eux. ».
Cette approche équitable, comme l’explique Aude Zwickert, favorise la confiance des candidats en eux-mêmes et assure l'égalité des chances pour tous, contribuant ainsi à lutter contre les discriminations. En fin de compte, la MRS offre des résultats probants, comme le constate Sylvie Royer : « La DDFIP a fait un bilan de cette session de recrutement et il était très positif. Ils se sont rendus compte qu’ils avaient recruté des personnes qu’ils n’auraient pas forcément retenues en temps normal. » Un succès départemental qui a même encouragé la Direction Générale des Finances Publiques à élargir la méthode aux autres départements.