Mélanie Onraedt
« Ils recherchent des personnes et des savoir-être. Ça ne les embête pas d’investir en temps et en formation pour des personnes qui ont le potentiel et l'envie. »
Marilyne Royer
« On ne savait pas s’ils allaient choisir le bassin de Troyes pour s’implanter, mais en tout cas ils avaient opté pour la MRS pour mener leur recrutement. »
Le projet était dans les petits papiers depuis le mois d’avril : la Manufacture Jean Rousseau cherchait à s’installer, soit dans les Vosges, soit dans l’Aube. Il fallait convaincre, et il semblerait que l’agence France Travail de Troyes La Chapelle ait su le faire.
Des porte-monnaie, des bracelets de montre, du cuir, du luxe et des belles finitions. C’est le cœur de métier de la Manufacture Jean Rousseau. Mélanie Onraedt, conseillère spécialisée MRS de l’agence Troyes La Chapelle, a pu l’observer lors de sa visite d’un autre site de fabrication de l’entreprise dans le Doubs, à Pelousey. C’était pour elle le meilleur moyen d’observer les spécificités des postes de travail et leurs contraintes, pour ensuite proposer des exercices adaptés dans le cadre de la méthode de recrutement par simulation.
France Travail n’en était pas à sa première utilisation du dispositif dans le secteur de la maroquinerie. En juin 2023, Mélanie Onraedt a ainsi présenté à la Manufacture Jean Rousseau des exercices déjà utilisés par Hermès, spécifiques pour la maroquinerie industrielle : « Il fallait parler des réussites et des grands noms pour montrer qu’on peut répondre à des besoins qui sortent un peu du lot. » Sa collègue Marilyne Royer ne tarit pas d’éloge : « Ça a été un facteur déclencheur à la sortie de la réunion. On ne savait pas s’ils allaient choisir le bassin de Troyes pour s’implanter, mais en tout cas ils avaient opté pour la MRS pour mener leur recrutement. » Finalement, c’est bien le bassin de Troyes qui sera sélectionné, avec une implantation prévue à Sainte-Savine.
« Lire, écrire, compter »
Recruter des employés dans le secteur du luxe, sans s’attarder sur leur diplôme, cela peut paraître étonnant. La réalité, d’après Marilyne Royer, c’est qu’il est « dur d’évaluer la dextérité sur un CV. » De plus, aujourd’hui, les entreprises réfléchissent différemment au moment de recruter, selon Mélanie Onraedt : « Ils recherchent des personnes et des savoir-être. Ça ne les ennuie pas d’investir en temps et en formation pour des personnes qui ont le potentiel et l'envie. »
Et justement, d’après les deux conseillères, la MRS permet de détecter des « talents de manière assez spontanée », en passant par la pratique. « C’est un très bon dispositif parce que c’est ouvert à tous, sans conditions de diplôme et sans CV. On arrive à capter beaucoup de profils qu’on n’arriverait pas à capter autrement », témoigne Marilyne Royer. « La seule exigence c’est : lire, écrire, compter » ajoute sa collègue.
Les coulisses de la MRS
En août 2023, l’équipe de l’agence France Travail Troyes La Chapelle a procédé à un « étalonnage des exercices ». Il s’agissait de faire pratiquer les exercices à huit salariés de l’entreprise, afin de valider la correspondance avec les profils recherchés et de chronométrer les temps de réalisation. Des notes « seuils » ont ensuite été fixées en accord avec l’entreprise. Si les candidats obtiennent la note seuil après avoir été évalués sur « du contrôle visuel, du patronage, ou de l’assemblage de pièces de maroquinerie, ils seront reçus en entretien » raconte Mélanie Onraedt.
En parallèle, une offre d’emploi et une invitation à une séance d’information collective ont été diffusées. Au total, 154 personnes sont venues assister à la présentation de l’entreprise, et 79 personnes ont passé les exercices de la MRS, en août et septembre. « Un succès sur une période normalement compliquée, à la fin de l’été » souligne Mélanie Onraedt. 51 personnes ont atteint la note seuil, et 29 personnes ont été recrutées aux entretiens. « C’est aussi sur la présélection qu’on est utile, se félicite la conseillère. On était parti sur un ratio de deux candidats pour un poste, donc de la qualité. »
Les 29 personnes sont actuellement en formation POE (préparation opérationnelle à l’emploi), et le site commencera à produire en janvier 2024. Les recrutements vont se poursuivre : avant l’été 2024, la Manufacture aimerait employer 50 personnes. Pour l’horizon 2025, après sa montée en puissance, elle entrevoit un besoin de 200 salariés. La collaboration avec France Travail va durer dans le temps !