Caroline Peviller
« Amazon ne fait pas de présélection sur le diplôme ou l’expérience. Il n’y a pas de pré-requis d’expérience en logistique, tout le monde peut postuler. Venez comme vous êtes, c’est leur état d’esprit. Tout le monde a sa place. »
« Ils ont joué le jeu du retour à l’emploi »
Najiba Chelouti
« C’est un travail beaucoup plus important que ce que je fais d’habitude avec d’autres entreprises. »
Un entrepôt Amazon, ce n’est jamais une installation anodine. Encore moins lorsque l’annonce de l’implantation a lieu six mois avant la date d’ouverture. Il faut alors mettre des moyens : entre mars 2021 et mars 2022, deux conseillers de l’agence France Travail de Montigny-lès-Metz ont dédié leurs efforts et joint leurs forces pour œuvrer au recrutement d’Amazon. Au programme : sourcing des candidats, coordination de l’ensemble des partenaires publics, ou encore suivi du recrutement. Najiba Chelouti a occupé l’un des deux postes et témoigne de l’ampleur de la tâche : « C’est un travail beaucoup plus important que ce que je fais d’habitude avec d’autres entreprises. »
Une collaboration qui perdure
Amazon est désormais profondément ancré dans le paysage économique de la région où elle compte 3 sites logistiques. Aux emplois directs s’ajoutent des milliers d'emplois indirects créés dans la région Grand Est grâce à l'activité d'Amazon. De 250 postes en CDI prévus pour l’ouverture du site, fin août 2021, l’entrepôt emploie aujourd’hui plus de 3 800 personnes en CDI, ainsi que plusieurs centaines d’intérimaires lors des pics d’activité. La connaissance fine de l’entreprise, acquise durant le partenariat instauré pour l’ouverture, profite encore à l’agence aujourd’hui. « Cela nous permet de bien connaître ses pratiques de recrutement, les profils recherchés, et d’être identifiés par les collègues de France Travail comme l’agence et l’équipe qui recrute pour Amazon » abonde Caroline Peviller, responsable d’équipe Entreprise à l’agence de Montigny-lès-Metz. Aujourd’hui, l’agence innove avec la mise en place d’actions spécifiques pour les travailleurs handicapés et le lancement d’une méthode de recrutement par simulation (MRS). Deux aspects qui collent à l’état d’esprit de l’entreprise américaine, d’après la responsable d’équipe Entreprise : « Amazon ne fait pas de présélection sur le diplôme ou l’expérience. Il n’y a aucun filtre, tout le monde peut postuler. Venez comme vous êtes, c’est leur état d’esprit. Tout le monde a sa place. »
Un territoire gagnant
Et cela se traduit dans les statistiques de France Travail : Amazon emploie 26 % de moins de 26 ans, 10 % de plus de 50 ans, 10 % de bénéficiaires du RSA, ou encore 50 % de demandeurs d’emploi qui avaient plus de 12 mois de chômage avant leur embauche. « Ils ont joué le jeu du retour à l’emploi » félicite Caroline Peviller.
Une telle manne d’emploi incite également les collectivités publiques à s’impliquer directement en bout de chaîne. Un bus urbain a par exemple été lancé pour relier les gares routières et ferroviaires de Metz jusqu’à l’entrepôt. « La ligne est complète à chaque trajet, et déterminante pour les embauches » rapporte Sonia Baudoux, la deuxième conseillère entreprise de l’agence. En effet, si 50 % des employés habitent sur la commune de Metz, 18 % ont entre 45 minutes et 1 heure de route pour venir travailler sur le site. Signe que l’entrepôt « profite à tout le département et plus largement toute la région » confirme Caroline Peviller.
Des impacts sur l’économie locale
Pour faire tourner son entrepôt au quotidien, Amazon a évidemment besoin de préparateurs de commande, mais aussi de coordinateurs d’équipe, de techniciens de maintenance, d’infirmiers, ou d’agents de sécurité. L’entreprise a alors recours à des sous-traitants, comme l’explique la responsable Entreprise de l’agence : « il y a 60 postes d’agents de sécurité, un prestataire restauration pour assurer trois repas par jour 7 jours sur 7, et 50 postes d’agents de propreté. »
Depuis l’implantation d’Amazon, l’agence a également analysé des changements sur les recrutements au niveau local. Dans un contexte d’évolution des critères de recherche d’emploi après la crise sanitaire de la Covid-19, l’arrivée de l’entreprise américaine a eu un effet d’aspiration des candidatures. Les autres entreprises du territoire ont dû faire le dos rond pendant plusieurs mois, mais aujourd’hui les choses tendent à se stabiliser. Et au final, l’entreprise apporte indirectement ses compétences à l’ensemble du territoire, d’après Caroline Peviller : « Tout le monde ne reste pas chez Amazon indéfiniment. Mais même sur une courte période, ils obtiennent des compétences qui leur serviront pour la suite. »