Prévention en santé au travail : avez-vous les bases ?

La santé au travail est un sujet majeur, souvent abordé de façon différente : il n'est donc pas toujours facile de s'y retrouver. La santé de vos salariés est pourtant un enjeu central : elle est indissociable de la santé de votre entreprise. Pour commencer, avez-vous les bases concernant les différents niveaux de prévention ?

1. La prévention primaire ou l’identification de la source des risques professionnels

La prévention primaire en santé au travail vise essentiellement à éviter les risques professionnels en les combattant « à la source », et à identifier ceux qui ne peuvent être totalement effacés. Il faut donc avoir une approche globale et collective de la santé au travail.

Parmi les nombreux leviers relevant de la prévention primaire existent : l'implication de la direction et des managers à la prévention des risques professionnels, le rôle du Comité social et économique (CSE), l'existence d'un plan de prévention, les dispositifs d'évaluation des risques, les procédures spécifiques de traitement de ceux-ci, la consultation des salariés sur le traitement des risques, la négociation sur les conditions de travail, ou encore les appuis dans l'évaluation et le traitement des risques (comme par exemple les organisations syndicales ou l'inspection du travail).


> Un exemple d'action concrète : la réalisation du Document d'évaluation des risques professionnels (DUERP)
Si vous avez plus d'un salarié dans votre entreprise, vous avez l'obligation d'élaborer ce document, afin d'y présenter l'analyse des risques professionnels auxquels sont exposés les salariés. Il doit inclure les facteurs de risques professionnels de nature physique (contraintes physiques marquées, environnement physique agressif, rythmes de travail...), mais aussi les facteurs de risques psychosociaux. Cette évaluation vise à définir les actions de prévention les plus appropriées pour supprimer ou limiter ces facteurs de risques identifiés.

Dans les entreprises de 11 salariés et plus, les élus du CSE peuvent contribuer à cette évaluation, au titre de leur mission en matière de santé, sécurité et conditions de travail dans l'entreprise, et dans celles de 50 salariés et plus, ils sont nécessairement consultés. L'inspection et la médecine du travail contribuent également à la démarche d'évaluation des risques. Ce document, mis à jour à un rythme annuel, doit, dans les entreprises de 50 salariés et plus, être accompagné d'un programme annuel de prévention des risques professionnels et d'amélioration des conditions de travail (PAPRIPACT).

Si vous envisagez ces documents comme des outils pour nourrir le dialogue sur le travail plutôt que comme de simples obligations administratives, ils vous aideront à identifier les risques liés aux travail dans votre entreprise, et à adapter les réponses collectives pouvant y être apportées pour agir, à court terme comme à long terme. Pour vous aider à procéder sur le plan méthodologique, vous pouvez vous appuyer sur les recommandations de l'INRS.

2. La prévention secondaire ou l'adaptation aux risques

Apporter des réponses aux facteurs de risques ne pouvant être totalement éliminés des situations de travail, c'est justement l'objet de la prévention secondaire. Elle désigne ce qui relève de l'adaptation aux facteurs de risques professionnels, pour limiter leur impact. Cela inclut les procédures permettant de traiter la violence au travail, le harcèlement, la discrimination et le stress au travail, la formation et l'information des salariés sur les risques professionnels, les contacts des personnes à consulter en cas de problèmes d’origine psychosociale liée au travail, ou encore l'assistance confidentielle à des salariés confrontés à des problèmes ayant une origine psychosociale.


> Un exemple d'action concrète : former les managers à la prévention des risques psychosociaux, et sensibiliser l'ensemble des salariés sur le sujet.
En effet, savoir identifier les situations à risque sera plus facile si vos salariés partagent une culture commune sur ces notions et sujets de santé au travail, ainsi qu'une bonne connaissance des instances compétentes sur les questions de santé, sécurité et conditions de travail.

3. La prévention tertiaire ou la prise en charge des conséquences des risques

Que le facteur de risque soit d'ordre physique ou psychosocial, et que les conséquences soient physiques, psychologiques ou les deux, on est là dans le registre curatif. Les exemples d'actions que cela recouvre sont l'aménagement du poste pour s'adapter au handicap d'un salarié, le reclassement, la reconnaissance d'une maladie professionnelle, mais aussi l'organisation des secours, les soins apportés, ou encore la pose d'une prothèse, face à des accidents du travail ou des maladies. Sur les risques d'ordre psychosocial, l'action de prévention tertiaire peut consister dans la mise en place d'une cellule d'écoute.


> Un exemple d'action concrète : adapter un poste de travail pour une personne dont le handicap s'est aggravé, limitant son aptitude à occuper un poste donné.
Le service de santé au travail a pour rôle de vous conseiller sur les aménagements nécessaires, et votre médecin du travail peut mandater la visite d'un ergonome, qui réalisera une étude du besoin. Pour une telle adaptation de poste, il est possible de demander une aide financière auprès de l'Agefiph.

Vous l'aurez compris, ces trois niveaux de prévention sont complémentaires. Bien sûr, plus vous serez à même d'agir au niveau primaire, et moins les niveaux de prévention secondaire et tertiaire seront requis. Et plus vous favoriserez une qualité de vie au travail dans votre entreprise, plus vous aurez de chances de voir se réduire le nombre des maladies professionnelles ou d'accidents du travail chez vos salariés. De quoi mettre tous les atouts de votre côté, pour allier bien-être de vos salariés et qualité du travail

En tant qu'employeur, vous êtes tenu de prendre les mesures nécessaires « pour assurer la sécurité et protéger la santé physique et mentale des travailleurs », précise l'article L4121-1 du Code du travail. Ce même article précise la nature de ces mesures, à savoir :

  • des actions de prévention des risques professionnels ;
  • des actions d'information et de formation ;
  • la mise en place d'une organisation et de moyens adaptés.