Autisme et emploi : un pari gagnant pour les entreprises

En France, les statistiques sont alarmantes : 80% des personnes atteintes de troubles du spectre autistique (TSA) sont sans emploi. Pourtant, comme le montre l’exemple inspirant de Florine, il est tout à fait possible d'intégrer des personnes en situation de handicap dans le monde du travail avec un accompagnement adapté. Mieux, avec l'aide de France Travail, leur embauche devient non seulement une possibilité, mais aussi une véritable réussite pour toutes les parties concernées.

Le parcours de Florine vers l'emploi a été semé d'embûches. Diagnostiquée avec des troubles du spectre autistique (TSA) quand elle était jeune, Florine s’est heurtée aux préjugés pour trouver du travail. Elle a pu compter sur le soutien indéfectible de ses parents et sur l'accompagnement personnalisé de Fabien Lataste, référent autisme au sein de France Travail, pour s'intégrer progressivement dans le monde professionnel.

Fabien Lataste, conseiller à l'agence France Travail de Villeneuve-sur-Lot, s’est spécialisé dans l’accompagnement des demandeurs d'emploi en situation de handicap, un public qui lui tient particulièrement à cœur. « J’ai souhaité devenir référent suite à un appel à candidatures pour l’initiative "autisme et emploi " », explique-t-il. La Nouvelle-Aquitaine est la seule région à se doter de cette initiative, qui, grâce à des formations spécifiques et des journées d'échanges sur l'autisme, forme des référents « autisme » au sein de France Travail. C’est dans ce cadre que Fabien a pris en charge le dossier de Florine et l’accompagne depuis fin 2021.
 

L’opération « DuoDay »

Chaque année, dans le cadre de la Semaine européenne pour l'emploi des personnes handicapées, l'opération DuoDay propose aux entreprises d'accueillir en immersion des personnes en situation de handicap pour une journée. Sandrine et Jérôme Chamoulaud, propriétaires du restaurant Le Roquentin à Laroque-Timbaut n’ont pas hésité à s’y inscrire. « Il y avait beaucoup de personnes en situation de handicap dans notre village, c'est ce qui nous a motivés à participer », explique Sandrine.

Avec l’aide de ses parents et animée d'une forte volonté de travailler, Florine a pris contact avec plusieurs entreprises, mais c’est finalement au Roquentin qu'elle a trouvé sa place. « Il était impossible pour elle de faire des CV ou des lettres de motivation, donc nous avons mis en place des périodes d’immersion », raconte Fabien. Ainsi, deux périodes de mise en situation en milieu professionnel (PMSMP), de 15 jours et un mois, ont été organisées sous l'égide de France Travail pour lui permettre de découvrir le métier d’aide en cuisine et de démontrer ses compétences. Ces périodes de stage ont permis à l’un et à l’autre d’envisager ensemble les domaines sur lesquels Florine pouvait intervenir : « Florine donnait un coup de main en cuisine puis elle est venue spontanément en salle pour observer et apprendre le service » raconte Mme Chamoulaud.

Les stages ont permis non seulement à Florine de s'adapter, mais aussi à l'équipe du restaurant de mieux appréhender son handicap et surtout d’apprécier ses compétences et savoir-faire. Les Chamoulaud, impressionnés par ses progrès, ont rapidement reconnu sa valeur ajoutée pour leur établissement. « Elle a pris confiance, elle s’est ouverte. Au début, elle avait peur des clients et peur des chiens… Aujourd’hui, ce n’est plus un problème, témoigne Sandrine. Elle a énormément progressé sur sa façon d’être. D’après ses parents, les progrès qu’elle a faits chez nous en quelques semaines sont énormes. »
 

Un accompagnement essentiel pour pérenniser l'emploi

Cette collaboration a finalement abouti à l’embauche de Florine en CDD de 6 mois, à raison de 12 heures par semaine. Depuis mai 2024, elle travaille en tant qu’employée polyvalente en restauration, une réussite qui n’aurait pas été possible sans le soutien continu de France Travail et de Cap Emploi. « L’accompagnement de Monsieur Lataste a été primordial, souligne Sandrine, il nous a aidé dans la rédaction du contrat, dans la mise en relation avec Cap Emploi, et sur la compréhension de l’autisme ». Les restaurateurs et Florine bénéficient du soutien de Cap Emploi, qui accompagne les personnes en situation de handicap et veille à l’adaptabilité du poste afin de favoriser le maintien dans l’emploi de Florine.

Le restaurant bénéficie également de 35 % d’exonération des charges salariales. Une aide supplémentaire de l’AGEFIPH (Association de gestion du fonds pour l’insertion professionnelle des personnes handicapées) a également été sollicitée pour couvrir l’intégralité du salaire de Florine et mettre en place des mesures d’aménagement de poste, ainsi qu’une aide au tutorat pour indemniser l’entreprise du temps passé à former Florine.

Aujourd'hui, l'accompagnement de Florine se poursuit avec des points mensuels pour évaluer la situation.Du côté du Roquentin, « Fabien m’appelle souvent pour prendre des nouvelles. On refait des points réguliers, on est vraiment suivis, on n’est pas lâchés comme ça », affirme Sandrine. Pour Fabien, le cas de Florine est un exemple de réussite : « Elle était initialement orientée vers un milieu protégé, mais elle a su démontrer ses savoir-faire dans un milieu ordinaire, et nous avons trouvé une entreprise prête à s’engager dans l’emploi. »
 

Un message pour les recruteurs

L’exemple de Florine démontre que l’intégration des personnes autistes dans le monde du travail est tout à fait possible avec un accompagnement adéquat. Pour les Chamoulaud, cette expérience a été enrichissante bien au-delà de la rentabilité. « Florine apporte quelque chose de plus à l’équipe, elle prend des initiatives, elle est en contact avec les clients, qui sont sensibilisés à la différence… C’est une rencontre humaine avant tout, conclut Sandrine. Il est essentiel de montrer que, malgré leurs différences, ces personnes peuvent accomplir un travail adapté. »

Pour les recruteurs et entreprises, le message est clair : n’ayez pas peur de recruter une personne en situation de handicap. Comme le souligne Sandrine, l’accompagnement est la clé de la réussite : « Il ne faut pas hésiter à se faire accompagner. France Travail et Cap Emploi sont là pour nous aider. »