Aujourd’hui, le secteur de la restauration fait face à de grandes tensions de recrutement. En ouvrant leurs portes à des profils divers, notamment ceux de personnes en situation de handicap, les employeurs peuvent non seulement enrichir leurs équipes, mais aussi saisir de nouvelles opportunités. Cette démarche, porteuse de sens, favorise également une inclusion accrue dans l’emploi. Pour y parvenir, il suffit juste d’acteurs engagés, de temps et d’accompagnement.
Face aux défis croissants de recrutement, Ridha Baaziz, franchisé de deux McDonald’s en Seine-Saint-Denis, a choisi d’innover. Son idée ? Miser sur l’inclusion en partenariat avec France Travail, Cap emploi et l’organisme de formation Handiwork. Ensemble, ils déploient une stratégie audacieuse pour former et intégrer des équipiers en situation de handicap. Une démarche aussi humaine qu’efficace.
PREMIERE ETAPE : IDENTIFIER, INFORMER ET PREPARER LES CANDIDATS
« Pour l’aider à recruter dans son restaurant de Bobigny, nous avons d’abord sourcé les candidats avec Cap emploi et les avons conviés à découvrir les postes de travail lors de deux réunions d’information, explique Sabah Benmabrouka, conseillère Service Entreprises de l’agence France Travail de Bobigny. Un travail réalisé en synergie avec les conseillères France Travail Equip’emploi TH Nacéra Ben Youssef et Patricia Major, et la chargée de mission Expert Emploi et Handicap de Cap emploi, Nabila Benamar. 20 personnes étaient intéressées et ont pu suivre des ateliers de préparation aux entretiens et une mise en situation concrète réalisée par l’association La Cravate Solidaire. »
Ces premières étapes ont donné les clés aux demandeurs d’emploi en situation de handicap pour être prêts le 26 septembre. Ce jour, Handiwork, le propriétaire et le directeur de McDonald’s Bobigny ont rencontré et sélectionné les candidats retenus pour suivre une préparation opérationnelle à l’emploi individuel (POEI) de 8 semaines financée par France Travail. 7 sur les 20 présents, dont 6 issus des quartiers prioritaires de la ville, ont été recrutés pour la formation.
« En amont, l’accompagnement de France Travail et Cap emploi est central. C’est essentiel pour qu’avec Handiwork, nous puissions former des personnes motivées dans le cadre de la POEI. Même si, ce n’est qu’ensuite qu'elles peuvent appréhender concrètement la réalité du poste », souligne Ridha Baaziz.
DEUXIEME ETAPE : FORMER EN IMMERSION
Début octobre, 7 demandeurs d’emploi en situation de handicap ont donc intégré le restaurant McDonald’s de Bobigny encadrés par un formateur, cinq jours par semaine d’abord puis quatre seulement après le premier mois de POEI. « Plus on avance dans le temps, plus le formateur prend du recul et laisse les stagiaires en autonomie en relation directe avec l’équipe du restaurant », raconte son exploitant. Ce temps est aussi nécessaire pour se faire une idée concrète de l’environnement de travail et de la façon dont le personnel et les clients y interagissent : « l’expérience nous a prouvé maintes fois qu’entre la projection que se fait un candidat et la réalité, il y a parfois un monde ».
Côté poste, les demandeurs d’emploi découvrent un métier d’équipier polyvalent assez simple mais multitâche. Il faut connaître les gestes et règles de la production en cuisine, de la prise de commande et du service à table. La fonction est riche et exige de la polyvalence.
Et ça fonctionne. À la mi-novembre, tous les stagiaires étaient toujours en formation. « Généralement si les candidats sont toujours là après presque 8 semaines, c’est qu’ils savent où ils vont. Nous verrons ensuite avec chacun d’entre eux si nous nous accordons sur des contrats et temps de travail qui conviennent à tous. Mais je suis optimiste. »
INVESTIR DANS L’HUMAIN POUR DES RESULTATS DURABLES
Ce n’est pas une première pour Ridha Baaziz. En juillet, il avait déjà recruté 4 personnes en situation de handicap dans son restaurant de La Courneuve grâce au même dispositif. Quatre mois plus tard, elles sont toujours en poste. Pour lui comme pour France Travail, Cap emploi et Handiwork, la force du partenariat réside dans l’investissement de tous et le temps donné au recrutement.
« Les actions menées en amont conduisent à plus de proximité. Cela facilite le recrutement, et une collaboration plus opérationnelle et performante ensuite, analyse Sabah Benmabrouka. Et sur la durée, tout le monde gagne en confiance, ce qui renforce notamment l’engagement des demandeurs d’emploi et celui de l’employeur. »
« Pour moi, la situation de handicap n’est pas un sujet nouveau. Je suis investi depuis longtemps, tient à rappeler Ridha Baaziz. Mais la grosse différence tient au soutien et à l’organisation avec un système de stage. On arrive enfin à garder des gens qui eux étaient, souvent, très éloignés de l’emploi. On crée de belles histoires et honnêtement c’est une très grande satisfaction ! ».
Plus d’inclusion dans l’emploi
Face aux difficultés de recrutement, l’ouverture à des profils divers permet de satisfaire les besoins en compétences des entreprises. Illustration.