Partant de ce constat, les 5 centres de gestion des Pays de la Loire, France Travail, le CNFPT (Centre National de la Fonction Publique Territoriale) en partenariat avec la Région des Pays de la Loire ont uni leurs forces. Tout est parti d’un besoin fort exprimé par les communes de moins de 2000 habitants du territoire : celui de recruter des secrétaires généraux de mairie, lesquels organisent les services de la commune, font le lien avec les élus, échangent avec les habitants et parfois gèrent les ressources humaines.
« C’est un métier très méconnu alors qu’il est charnière pour le fonctionnement des mairies et la vitalité des territoires. Résultat, il y a des problématiques de recrutement très fortes pour ces collectivités, par manque de candidats, et de visibilité sur les compétences multiples que demande le métier. C’est depuis quelques années l’un des métiers les plus en tension de la Fonction Publique Territoriale », explique Hélène Guillet, directrice générale du Centre de Gestion de Loire-Atlantique et pilote du Comité de direction régionale de la coopération entre les 5 centres de gestion.

Une collaboration sur-mesure
Face à cet enjeu, le président du Centre de Gestion de Loire Atlantique et le délégué régional du CNFPT ont été à l’impulsion d’un projet à l’échelle régionale décliné par chaque centre de gestion départemental. Le point de départ a été celui-ci : d’un côté il y a un problème d’attractivité et de l’autre, plusieurs demandeurs d’emploi ne trouvent pas d’activité. Aussi comment mettre ces besoins en convergence ?
Une collaboration commence alors à l’échelle régionale pour se mettre d’accord sur les intérêts communs. Rapidement le projet de mettre en place une formation qualifiante s’impose, mais encore faut-il la concevoir et ensuite recruter des candidats suffisamment motivés et qualifiés pour la suivre.
« Dès le départ, nous avons pu constater l’importance de nos complémentarités d’expertise, souligne Hélène Guillet. France Travail pour nous guider sur la manière d’informer et de cibler les demandeurs d’emploi ; le CNFPT pour son expertise en matière d’ingénierie pédagogique, la Région pour le financement des demandeurs d’emploi, les associations de maire pour relayer et appuyer et nous, les centres de gestion pour organiser le pilotage institutionnel et opérationnel du processus. »
« Nous avons vraiment tous travaillé en synergie, c’est ce qui a conduit au succès de ce dispositif aujourd’hui, et ce qui fait sa force pour la suite aussi ». – Manon Lucet, Conseillère Entreprise au sein de l’agence France Travail Le Mans Gare.
Un test grandeur nature en Sarthe
Rapidement un processus cohérent a été mis en place et a pu être décliné département par département. Et c’est la Sarthe qui a joué le rôle de département test. Après plusieurs réunions multipartites organisées entre le Centre de gestion, le CNFPT, l’association des maires et adjoints de la Sarthe, la Région, Cap emploi, la Mission locale et France Travail, une journée d’information a finalement été organisée le 27 août 2024. Deux créneaux, un le matin et un en début d’après-midi, étaient proposés aux candidats intéressés.
« En amont, j’ai contacté toutes les agences France Travail du département et nos partenaires du réseau pour l’emploi pour les informer de cette information collective et du public ciblé. Etaient ainsi invités à participer des demandeurs d’emploi ayant un bac+2 ou justifiant d’une expérience administrative significative », raconte Manon Lucet, conseillère Entreprise au sein de l’agence France Travail Le Mans Gare. Et la fréquentation a été au-delà des espérances de tous les partenaires présents ce jour puisque 174 candidats se sont ainsi déplacés.
Pour valider leur intérêt, ils devaient remplir un dossier de candidature et le remettre au Centre de gestion de la Sarthe. Résultat : 105 dossiers ont été étudiés par le Centre de Gestion, France Travail et le CNFPT, et 38 candidatures ont été retenues. « Les demandeurs devaient retracer leur parcours professionnel mais surtout exprimer leurs motivations. C’est principalement ce qui a permis de les départager, explique Manon Lucet. Puis les 38 sélectionnés ont été auditionnés par un jury composé d’élus et de représentants des différents partenaires. C’était important d’associer des personnes de terrain, et notamment les maires, car ce sont eux qui sont les plus à même de connaître les compétences nécessaires. » Après cette phase de candidature et de jury de sélection, 15 candidats aux profils très variés ont finalement pu intégrer la formation de 5 mois.
Un modèle à répliquer
Pendant cinq mois, les participants alternent entre des cours et des stages dans des communes partenaires. « Avec ces déclinaisons départementales et des alternances proposées au plus près des lieux d’habitation des candidats, nous avons fait le choix de la proximité. Ainsi ils pourront aussi se faire un réseau, seront peut-être embauchés dans la mairie de leur alternance, ou iront creuser d’autres pistes dans l’emploi public. » développe Hélène Guillet.
Si le bilan final est encore attendu, les premiers retours sont prometteurs. Les stagiaires apprécient la qualité de la formation et l’immersion leur offre une vision concrète du métier. Pour les communes, ce projet est une opportunité unique de combler des postes clés.
Face à ce succès, le dispositif sera progressivement déployé dans les autres départements des Pays de la Loire. « Nous avons vraiment tous travaillé en synergie, c’est ce qui a conduit au succès de ce dispositif aujourd’hui, et ce qui fait sa force pour la suite aussi » conclut Manon Lucet.
À la croisée des compétences, de la formation et de l’innovation, cette initiative ouvre de nouvelles perspectives pour les candidats et les collectivités. Une démarche gagnant-gagnant, et un bel exemple de synergie au service de l’emploi local.