Si votre processus de recrutement, venait à connaître de fortes tensions, penseriez-vous à passer de l’autre côté pour vous démarquer ? C’est tout le principe du job dating inversé, qui consiste à inverser les rôles des job dating traditionnels. À rebours de l’approche classique, le job dating inversé met le recruteur dans la peau de celui qui présente, pour faire notamment connaître les atouts de son entreprise aux demandeurs d’emploi. « Conditions de travail, salaires, valeurs de l'entreprise. Le candidat doit pouvoir se projeter dans un avenir avec l'entreprise » présente Allison Lefebvre, conseillère entreprise de l’agence Pôle emploi d’Harfleur.
Tout est question de séduction. L’entreprise doit donner envie aux demandeurs d’emploi de la rejoindre lorsque des offres d’emploi seront disponibles, décrit la conseillère : « Contrairement à un job dating classique, nous proposons aux recruteurs de venir s'asseoir face aux candidats pour présenter leur entreprise et leurs métiers grâce aux questionnements des demandeurs d'emploi. »
Le jour du job dating inversé, cinq demandeurs d’emploi sont répartis sur chaque table. Toutes les vingt minutes, un nouveau recruteur vient présenter son entreprise et répondre aux questions des candidats. Bien sûr, du côté de Pôle emploi, il a fallu préparer les candidats à ce nouvel exercice. « Il faut comprendre le contexte de mise en place d'un job dating inversé, ses objectifs, son fonctionnement et les conditions à respecter pour que chacun puisse y trouver son compte. » détaille Allison Lefebvre. Car même si c’est l’employeur qui se prête au jeu des questions, c’est bien lui qui analyse les candidats potentiels et scrute leurs traits de personnalité. « On sait aujourd'hui que presque 80 % des recruteurs mettent un accent très fort sur le savoir-être et le comportement plus que sur les savoir-faire, affirme la conseillère, qui se met dans la peau d’un recruteur face à un candidat : quelle place va prendre le candidat dans le groupe ? Laisse-t-il parler les autres participants ? Quel niveau de pertinence dans le questionnement vis-à-vis du groupe ? »
Les matinées de préparation au job dating inversé sont aussi l’occasion pour les candidats de se poser des questions sur ce qu’ils recherchent professionnellement, d’après Allison Lefebvre : « Quelles conditions de travail ? Quelles valeurs ? De quoi aurais-je besoin dans ma future entreprise pour pouvoir m'y sentir bien et m'investir ? Pour cela, il est important de bien se connaître. Et plus on se connaît, mieux on se fait reconnaître. »
Des retours positifs
Candidats comme recruteurs, l’expérience est positive. « C’est une manière plus naturelle de discuter avec un employeur, les échanges sont plus naturels » raconte l’un des candidats.
« Ils sont à l’écoute de nos demandes et très accessibles » abonde un autre. « Le format permet aux candidats plus introvertis de profiter de l’ambiance pour parvenir à échanger » analyse un recruteur. « On a plus de facilité à découvrir les personnalités » ajoute un autre. « Ce format change la nature des échanges avec les candidats. On retire presque même un peu la casquette d'employeur pour faire la promotion de nos métiers. » conclut un dernier.
Un forum de l’emploi bis ?
Les job dating inversés sont aussi un moyen de découvrir l’étendue des métiers du transport pour de nombreux demandeurs d’emplois, qu’ils soient prêts à être embauchés dans ce secteur ou pas. Sur 24 demandeurs d’emploi présents en juin, 7 recrutements ont été conclus (dont 6 via une formation POEI, afin d’acquérir les compétences) et 3 candidats vont suivre une immersion en entreprise (PMSMP).
Allison Lefebvre est enthousiaste vis-à-vis des perspectives plus larges ouvertes par ces ateliers : « Il y a en pour tous les goûts : reconversion, validation d'une orientation vers un permis plutôt qu'un autre, obtenir de meilleures conditions de travail. C'est un véritable moyen d'ouvrir ses chakras ! »