Il n’est pas toujours évident pour les jeunes demandeurs d’emploi de faire leurs premiers pas sur le marché du travail, surtout sans préparation. C’est ce qu’ont pu observer des acteurs du recrutement dans l’Oise. « Un des premiers freins chez les jeunes, c’est la mobilité. À 18 ans, on n’a pas forcément le permis de conduire, constate Julien Cieslak, conseiller à l’emploi CEJ à France Travail Montataire. Aussi, ils sont souvent perdus dans les démarches à réaliser, ce qui les pousse à baisser les bras. »
Pour leur faciliter la tâche, France Travail propose le Contrat d’Engagement Jeune, un parcours entièrement personnalisé pour aider les jeunes de 16 à 25 ans à construire un projet professionnel. C’est dans ce cadre que des immersions professionnelles ont été organisées afin de favoriser les rencontres entre jeunes demandeurs d’emploi et recruteurs. « C’était l’occasion pour eux de découvrir un secteur sans avoir d’expérience et de se faire un avis sur celui-ci », souligne le conseiller.
Un levier pour favoriser les rencontres
Au sein de la Résidence Les Lys, les métiers d'infirmiers et d’aides soignantes sont sous tension, comme dans beaucoup de ces établissements. « Les candidats que j’ai pu rencontrer ne sont pas favorables à prendre un CDI et cherchent surtout une vacation » , explique Laëtitia Rigaux, directrice de l’établissement. Cependant, celle-ci recherche des professionnels qui puissent se fédérer autour d’un projet commun dans l’accompagnement à mener pour les résidents. Une situation qui n’est pas sans conséquences : « Ça nous pousse à réfléchir à notre organisation et aux réponses à apporter à ces salariés pour les rendre plus autonomes et ainsi, leur donner envie d’être recrutés en CDI. » Pour donner un coup de pouce aux recruteurs, dont Laëtitia Rigaux, France Travail a convié des entreprises prêtes à jouer le jeu lors du forum Immersion Jeunes Tour. Une opération lors de laquelle la résidence a pu faire découvrir son activité à des jeunes demandeurs d’emploi après avoir été épaulée par France Travail. « Nous avons identifié les freins de recrutement de la structure. Puis, à travers des échanges en groupe, des jeunes ont pu découvrir les métiers au sein de l’EHPAD, notamment la grande variété de postes », note Julien Cieslak.
Une expérience au plus proche du terrain
Après les échanges, les envies des jeunes candidats ont été recueillies et transmises aux employeurs afin d’organiser une rencontre sur le terrain. « L’immersion professionnelle permet aux jeunes de savoir s’ils vont se sentir bien dans l’entreprise », insiste le conseiller. Un moyen optimal de prendre la température dans un potentiel futur environnement de travail, mais pas seulement. Pour le conseiller, c’est aussi un outil puissant pour les jeunes avec peu, voire pas d’expérience et de compétences : « L’immersion permet aux candidats de montrer concrètement aux employeurs de quoi ils sont capables sur quelques jours. » Face aux candidats réticents à l’idée de prendre un CDI, la directrice de l’EHPAD a vu dans cette expérience une réponse adaptée. « Plutôt qu’ils ne viennent pas du tout, on leur a proposé de venir quelques jours dans la résidence pour observer l’environnement de travail, découvrir les métiers et déconstruire leurs représentations », explique-t-elle.
L’occasion également de conforter le choix de jeunes encore indécis, notamment ceux en pleine reconversion professionnelle. « Ce dispositif peut permettre à des jeunes de réaliser qu’ils veulent construire un tout nouveau projet professionnel que celui qu’ils avaient initialement envisagé », estime Laëtitia Rigaux. Au-delà de la découverte de nouveaux métiers, le forum Immersion Jeunes Tour a permis à une candidate à la recherche d’un poste d’aide soignante d’initier un recrutement. Ainsi, la candidate a pu montrer toute sa motivation en faisant preuve d’une grande réactivité dans le processus de recrutement.
Une solution simple qui fait ses preuves
Sur le terrain, l’immersion professionnelle a attiré de nombreux jeunes, curieux de découvrir le marché de l’emploi, puisque sur 65 invités, 34 étaient présents. « Ça représente un jeune sur deux, c’est une participation très élevée par rapport aux 40 % habituels sur un public plus large », souligne Julien Cieslak. Même son de cloche côté employeur avec le recrutement d’une candidate en CDI. « À partir du moment où l’on a un retour positif, c’est déjà une victoire, s’enthousiasme Laëtitia Rigaux. Et sur le long terme, ça permet aux jeunes de se projeter dans un métier durablement ou de faire mûrir leurs orientations professionnelles. »
Les jeunes demandeurs d’emploi ressortent gagnants, et les employeurs également. D’un côté, le dispositif se débarrasse de toute lourdeur administrative pouvant freiner candidats et recruteurs. « Tout est conventionné par France Travail. En quelques minutes et un document signé, un jeune peut intégrer une structure très rapidement », assure le conseiller. D’autant plus qu’une fois l’immersion terminée, chacun peut reprendre sa route de son côté, ou bien initier un recrutement. D’autre part, l’immersion professionnelle est aussi l’occasion de mettre en lumière son entreprise. « Les employeurs peuvent faire connaître leur structure sans passer par la case publicité », relève Julien Cieslak.
Un atout que la directrice de l’EHPAD a su déceler : « Avec le bouche à oreille, les candidats peuvent créer de l’engouement, ce qui est idéal pour se faire connaître auprès de futurs professionnels. »
- « L’immersion permet aux candidats de montrer concrètement aux employeurs de quoi ils sont capables sur quelques jours. » (Julien Cieslak)
- « Ce dispositif peut permettre à des jeunes de réaliser qu’ils veulent construire un tout nouveau projet professionnel que celui qu’ils avaient initialement envisagé. » (Laëtitia Rigaux)