France Travail et les services pénitentiaires font de la formation professionnelle "l’axe majeur" de leur convention

La direction de l’administration pénitentiaire et France Travail coopèrent depuis 1993 à faciliter le retour à l’emploi des personnes détenues. Cet accompagnement s’effectue avec des détenus volontaires, et a pour objectif de préparer leur réinsertion dans la vie active durant la période de détention luttant ainsi contre les risques de récidive.

Un partenariat fort

Les conseillers France Travail justice peuvent accompagner pendant la période de détention les personnes détenues

  • condamnées (durée d’incarcération connue)
  • dont la date de libération ou d’éligibilité à l’aménagement de peine est proche (< à 6 mois)
  • volontaires orientées par le SPIP facilitant ainsi la transition entre le « dedans » et le « dehors ».
En région Centre-Val de Loire, 5 conseillers France Travail justice interviennent dans l’ensemble des établissements pénitentiaires de la région.

Les résultats de l’étude d’impact réalisée par la direction statistique de France Travail révèle que dès lors qu'un conseiller intervient pour réaliser l'accompagnement et le suivi d'un détenu en amont de sa sortie de prison, celui-ci a plus de chances de trouver une formation et un emploi durable que ceux n'ayant pas bénéficié de l’accompagnement d’un conseiller en détention.

Découvrez le témoignage de Guillaume, conseiller emploi à l’agence France Travail de Châteaudun

Je suis depuis 1an ½ conseiller justice à l’agence de Châteaudun. C’est une fonction que j’occupe la moitié de mon temps de travail.

Comment es-tu devenu conseiller justice ?
J'ai travaillé sur de l’accompagnement global pendant plus de 4 ans avec des structures d’insertion et des partenaires à l’externe avant d’arriver au fil de l’eau à obtenir cette mission justice.

Comment se passe une journée type ?
Le travail en centre pénitentiaire est très structuré.
Je travaille avec le SPIP service pénitencier insertion et probation. France Travail a une convention avec l’administration pénitentiaire, j’ai une autorisation spécifique pour entrer en prison.
Le SPIP m’envoie la liste des détenus à rencontrer, ceux pour qui un aménagement de peine est possible ou bien ceux proches de la sortie et qui souhaitent me rencontrer. Toutes les actions sont soumises à la permission du juge et à des délais spécifiques.
Les détenus sont informés qu’un conseiller France Travail intervient dans le centre, souvent à leur demande d’ailleurs. Lorsque je les rencontre, j’ai peu d’information sur eux, sur leur formation, leur projet, leur expérience. Au premier entretien il est nécessaire de reprendre tout le parcours professionnel en amont. Il faut avoir une grande capacité d’adaptation.


Des pistes en amont du 1er rendez-vous.
Ils ont une fiche à remplir et ça me donne des informations précieuses. Sur l’alphabétisation du détenu par exemple, ou bien sur son niveau d’étude, son expérience…Ils ont aussi un intervenant qui leur permet d’avoir un atelier CV.
Je rencontre les détenus environ 3 fois pour mettre en place un projet qui tient la route à présenter au juge. Au 1er rendez-vous je leur présente l’offre de service et je reformule leur demande. Je leur présente le marché du travail local et l’offre de formation.
Je fais de la préconisation de suivi en accompagnement global et je les renseigne sur la réinscription qu’ils doivent faire en sortant. Je fais le lien avec le nouveau conseiller en agence en expliquant ce qui a été mis en place. Je leur donne les coordonnées des structures qui pourront les aider.


Auriez-vous un exemple à nous donner ?
J’ai envie de vous parler de Karim, je l’ai vu plusieurs fois, c’est un vrai travail de réinsertion avec une belle volonté. Quand on a une personne volontaire en face, c’est facilitant, et ça donne encore plus envie de faire ce métier.
Il faut être pratique et efficace ! Car en dehors de nos rencontres, ils sont en milieu fermé, il n’y a pas d’accès à internet pour faire des recherches. J’ai rencontré Karim trois fois en quelques semaines.
Nous avons travaillé sur des techniques de présentation, sur du savoir-être et on a envoyé sa candidature à un employeur. L’employeur (une structure d’insertion d’aide par le travail) a validé sa candidature. Alors le SPIP a présenté le projet au juge afin qu’il lui donne son accord pour un aménagement de peine.
Ici, Karim a bénéficié d’un aménagement de peine avec un placement externe sous bracelet électronique.
Le recrutement était organisé par une agence de la région, j’ai donc pris contact avec la conseillère entreprise en charge des rencontres. Après une première visite, j’ai relancé l’employeur et cette relance a provoqué un 2nd entretien et une embauche ! Je sais que cet emploi n’est qu’un tremplin pour Karim. Aujourd’hui je sais que son emploi se passe bien et c’est essentiel.


Combien de conseillers ont cette mission en Centre-Val de Loire ?
5 conseillers France Travail sont mobilisés en région Centre-val de Loire et interviennent dans l’ensemble des centres pénitentiaires de la région.