Ce dispositif permet de former des candidats prometteurs tout en les évaluant en conditions réelles. À l’Hôpital Privé Dijon Bourgogne, cette approche a permis de pourvoir un poste clé de brancardier, et de sécuriser un recrutement durable
À l’Hôpital Privé Dijon Bourgogne (HPDB), dans le département de la Côte-d’Or, les candidatures spontanées sont nombreuses mais une pénurie de candidats subsiste. « Beaucoup sont motivés par un contrat de vacation pour travailler à la journée. Résultat, nous avons du mal à recruter en CDI », reconnaît Manon Paysant, chargée de missions RH de l’HPDB. C’est dans ce cadre que France Travail a accompagné l’établissement sur un poste de brancardier. Au programme : une immersion professionnelle et une Action de Formation Préalable au Recrutement (AFPR), qui à ce jour a été renommée Préparation Opérationnelle à l’Emploi (POE), pour un candidat sans expérience et sans compétences dans le domaine. « Le but, avec France Travail, c’était de trouver une personne stable et qui reste sur le long terme », explique la chargée de mission.
Photo : Ramsay Santé - Hôpital Privé Dijon Bourgogne
Former pour mieux recruter
« Aujourd’hui, nous allons vers les entreprises pour promouvoir des profils et notre offre de service afin de faciliter les recrutements », indique Peggy Poisson, conseillère entreprise au sein de l’agence France Travail Dijon Nord. En partenariat avec le Conseil départemental, la Mission Locale et Cap Emploi, une visite programmée au sein de l’hôpital a été organisée pour comprendre les attentes des recruteurs et d’avoir une interlocutrice privilégiée : Manon Paysant. Les aides au recrutement ont également été présentées à l'établissement.
Suite à cette promotion de profils spontanée, un candidat intéressé par une formation de brancardier a pu, le temps d’une semaine en 35 heures, confirmer son projet professionnel lors d’une Période de Mise en Situation en Milieu Professionnel (PMSMP), dispositif qui permet de découvrir un métier ou un secteur d’activité. Afin de consolider la formation, une POE a ensuite été mise en place sur une période de 105 heures.
Après validation d’une grille de compétences et d’un plan de formation, un tuteur désigné au sein de l’hôpital a accompagné le candidat dans sa prise de poste. « L’établissement hospitalier a bénéficié d’une aide financière au tutorat de cinq euros nets par heure de formation », précise la conseillère entreprise. Une fois la POE terminée, un bilan de formation a été établi par l’employeur, accompagné d’un entretien tripartite. Par la suite, le candidat a été embauché pour un CDD de six mois.
Peggy Poisson, conseillère entreprise à l'agence France Travail de Dijon Nord
Miser sur les savoir-être
Le plan de formation, conçu par l’hôpital avec l’aide de France Travail, était dédié aux différentes tâches liées au poste : prise en charge des patients ; communication avec les équipes ; découverte du bloc opératoire ; respect des procédures ; etc. Outil indispensable, ce plan a permis d’évaluer l’écart entre les compétences attendues par l’établissement et possédées par le candidat afin de déterminer celles pouvant être travaillées, notamment l’identitovigilance, qui consiste à identifier un patient. « Il faut connaître la procédure mais c’est une compétence facile à acquérir. La base du métier s’apprend en 70 heures environ, explique la chargée de mission. Nos brancardiers sont formés en deux semaines, sans compter ce qu’ils apprennent tout au long de la carrière. »
Mais au-delà des compétences techniques, l’hôpital s’intéressait surtout aux savoir-être du candidat. « Il n’y a pas que le savoir-faire qui compte. La motivation est importante pour intégrer le monde du travail », insiste la conseillère France Travail. C’est pour cette raison qu’avec la POE, le candidat maintient ses indemnités d’allocation de retour à l’emploi ou reçoit une rémunération de formation déterminée par un cadre réglementaire et financée par France Travail, ce qui permet de vérifier sa motivation réelle à s’engager dans le parcours.
Manon Paysant, chargée de missions RH de l’Hôpital Privé Dijon Bourgogne
Valoriser la qualité de recrutement plutôt que la quantité
Si Manon Paysant souhaitait pallier la pénurie de candidats en CDI au sein de l’Hôpital Privé Dijon Bourgogne (HPDB), elle ne voulait pas le faire aux dépens de la qualité des candidatures. « Après une embauche, il se peut que des candidats arrêtent des missions en cours parce que le travail ne leur convient pas », reconnaît Peggy Poisson. C’est là que l’utilité de la PMSMP et de la POE remédie à ces difficultés de recrutement. « Ces dispositifs ne peuvent qu’être positifs car ils laissent un temps déterminé de pratique pour éviter de se tromper en arrivant au CDI.» s’enthousiasme la chargée de mission qui a embauché le candidat en juillet.
De l’extérieur, l’investissement en termes de temps et de démarches administratives peut paraître conséquent, mais les retombées positives ne sont pas négligeables. « La personne est formée à nos pratiques dans notre établissement. Cela assure un recrutement fiable et de qualité, et concrètement, c’est un investissement bien rentabilisé », estime Manon Paysant
Ce succès, l’hôpital le doit aussi à un partenariat solide avec France Travail et les parties prenantes. « Il faut construire une confiance mutuelle entre l’entreprise et France Travail, souligne la conseillère Le partenariat, permis par notre prospection d’entreprise, a recréé un lien de confiance fort avec l’établissement. » Un avis que partage la chargée de mission : « Le fait que différents organismes soient venus à nous pour présenter des candidatures vérifiées en amont nous a rassurés sur la fiabilité de celles-ci. »