
Cela fait plusieurs années que le secteur de la plasturgie en Auvergne-Rhônes-Alpes est en tension. Au sein du Groupe Velfor, les difficultés se font ressentir sur les postes de régleur thermoformage, notamment après le départ de plusieurs salariés à la retraite. « C’est un rôle central en production car ils montent et démontent des outillages, et font des réglages entre chaque changement de production », résume Mme. M, DRH de l’entreprise.
Cependant, d’autres problématiques viennent gripper la machine du recrutement. « Il y a peu de candidats sur ce poste car il n’existe pas vraiment de diplôme qui correspond au thermoformage, explique-t-elle. Aussi, sans entreprise concurrente à proximité avec des régleurs sur le marché, on doit se tourner vers des personnes sans expérience pour les former en interne. » Face à cette situation, France Travail a proposé au Groupe Velfor de mettre en place la méthode de recrutement par simulation (MRS), une alternative aux méthodes plus traditionnelles.
La MRS, une manière de recruter autrement
La demande en volumétrie sur les postes de régleur ne faiblit pas. France Travail s’attelle donc à les mettre en valeur. « Notre rôle, c’est d'accompagner l’entreprise en repérant des personnes qui ont un intérêt pour l’industrie et prêts à se former sur ces métiers », explique Olivier Liogier, conseiller entreprise France Travail de l’agence de Monistrol.
Afin de déterminer si la méthode répondait aux besoins de l’entreprise, France Travail a réalisé un diagnostic de pertinence. « Au niveau de la mise en place, des conseillers sont venus visiter les ateliers et interroger les opérateurs, chefs d’atelier et responsables RH pour découvrir la réalité du métier de régleur », indique la DRH.
Les deux réunions destinées à présenter les postes proposés et le process de recrutement envisagé ont respectivement rassemblé une trentaine de candidats. « Cela offre une vision des postes aux candidats, ce qui participe déjà à une forme de présélection s’il y a des intéressés », relève la DRH. Et si le dispositif MRS peut toucher autant de personnes, c’est avant tout parce qu’il fait abstraction des diplômes et du CV. « La MRS permet d’élargir le sourcing, un élément déterminant en cas de pénurie de candidats », note Hervé Haon, conseiller MRS.
Tester les habiletés pour une embauche fiable et rapide
Avec la disparition progressive de profils possédant des compétences techniques fines, difficile de se raccrocher à des candidats déjà formés. « Grâce à la MRS, on a pu toucher des profils différents en recrutant sans CV. Tout reposait sur le niveau des aptitudes des candidats, leur savoir-être, mais aussi leur motivation », souligne la DRH.
C’est là que les habiletés entrent concrètement en jeu. Après la visite de l’atelier et des échanges avec des salariés, France Travail a pu identifier et pondérer les habiletés essentielles au poste pour ensuite les transcrire en exercices notés. Ce travail a permis de construire une session d’une demi-journée, éprouvée et étalonnée par un panel représentatif de salariés avant d’être proposée aux candidats. Ceux ayant reçu la note minimum requise ont ensuite été reçus par l’employeur en entretien de motivation. « L’évaluation des habiletés sur des situations de travail concrètes est au cœur du dispositif », insiste le conseiller MRS.
Une solution qui a fait ses preuves
À l'arrivée, le dispositif a porté ses fruits. Sur les trente demandeurs d’emploi ayant assisté aux réunions de départ, environ 60 % ont souhaité participer aux tests MRS. Au terme du processus, huit d’entre eux ont réalisé une préparation opérationnelle à l’emploi (POE), c’est-à-dire un temps de tutorat de quatre à cinq semaines dans l’entreprise pour acquérir des éléments techniques et théoriques. « C’est une belle réussite car cette année on a abouti à six contrats dont deux CDI, ce qui n’est pas forcément le cas sans la MRS », s’enthousiasme la DRH.
Cela fait deux ans que le Groupe Velfor fait appel à la MRS, et l’entreprise compte réitérer l’expérience. « Ça nous permet de gagner en visibilité et de faire connaître l’entreprise, affirme la DRH. Côté candidats, cela permet de tester leur motivation, notamment ceux qui vont au bout du process. »
« Grâce à la MRS, on a pu toucher des profils différents en recrutant sans CV. Tout reposait sur le niveau des aptitudes des candidats, leur savoir-être, mais aussi leur motivation. » (Mme. M)
« C’est une belle réussite car cette année on a abouti à six contrats dont deux CDI, ce qui n’est pas forcément le cas sans la MRS. » (Mme. M)